Dans le cadre du cycle de conférences des professeurs invités à l’EHESS/IMAF
9 mars 2017
10h à 13h
EHESS
IISMM
Salle de réunion, 1er étage
96 bd Raspail
75006 Paris
À l’occasion du séminaire « Introduction au droit musulman : les transformations de la normativité islamique depuis l’expédition d’Égypte »
Responsables : Nathalie Bernard-Maugiron, CEPED,IRD ; Jean-Philippe Bras, l’Université de Rouen ; Baudouin Dupret, CNRS.
– Issam TOUALBI, invité de Rabia Bekkar & Marie Miran, EHESS/IMAF, maître de Conférence à l’Université d’Alger I ; Directeur de la Chaire Unesco Émir Abdelkader pour Les Droits de l’Homme et la Culture de Paix
La liberté religieuse dans la pensée réformiste
Résumé :
Au moment où le système de représentation arabo-musulman se trouve volontairement confondu avec un modèle absolutiste totalement réfractaire aux principes démocratiques et à la notion de diversité religieuse, le rigorisme excessif avec lequel le statut du non-musulman est aujourd’hui perçu par la majeure partie des juristes de l’Islam contribue à nourrir tous les préjugés antimusulmans. L’idéologie islamiste ne fait-elle pas depuis longtemps du rejet principiel de la notion de la démocratie et de la diversité religieuse son principal credo politique et dogmatique ? Mais fort heureusement, tous les savants musulmans ne partagent pas ce déni des valeurs contemporaines.
Puisant ses racines dans les thèses des penseurs andalous du XIIIe siècle, dont principalement Averroès (1126-1198) et Ibn ‘Arabî (1165-1240), le courant réformateur musulman du XIXe peut à juste titre être considéré comme le véritable promoteur de la tolérance religieuse en Islam. Porté par des penseurs de l’envergure de l’Émir algérien Abdelkader (1808-1883), du persan Djamel-Eddine al-Afghani (1838-1897) ou de l’égyptien Mohammed Abduh (1849-1905), ce courant semble avoir réussi à puiser la substance d’un argumentaire théologique favorable à l’édification d’une société pluriculturelle en terre d’Islam. La réappropriation des écrits et des thèses des réformateurs musulmans du XIXe siècle dans le monde arabo-musulman ne peut-elle pas représenter une issue salutaire au cloisonnement doctrinal actuel dans lequel la pensée islamique se trouve enfermée depuis des siècles, voire, même, constituer une solution de compromis acceptable pour tous ceux qu’effraie, aujourd’hui, toute velléité de modernisation des sociétés musulmanes ?
Références :
« Diversité religieuse et liberté de culte dans la doctrine juridique des réformateurs musulmans du XIXe siècle », Revue Passerelles, Commission nationale algérienne pour l’Éducation, la Culture et les Sciences (Unesco – Alecso – Isesco), n°1, octobre 2012.