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Supports et circulation des savoirs et des arts en Afrique et au-delà

Séance du 12 mai 2017, de 11h à 13h
EHESS, RDC, salle des artistes, 96 bd Raspail 75006 Paris

 Thomas FOUQUET, chargé de recherche au CNRS - IMAF,
Penser la blackness depuis l’Afrique : un renversement heuristique

Résumé :
Depuis quelques années, un effort certain a été produit pour documenter l’insertion des sociétés africaines dans les processus historiques globaux, rompant ainsi clairement avec les présupposés d’enclavement et d’anhistorisme qui leur ont longtemps été attribués. « Lire le monde » depuis l’Afrique constitue désormais un projet intellectuel et scientifique pleinement légitime, resté néanmoins encore assez programmatique. Dans la vaste trame sociale-historique de l’extraversion qui se dessine ainsi, certaines tendances « noires » assimilables au registre de la blackness transnationale paraissent, parmi d’autres, occuper une place particulière. Aussi, s’agissant de l’Afrique, en quoi l’affirmation d’un être-noir peut-elle s’assimiler à l’expression subjective d’un être-au-monde, par comparaison avec les expériences diasporiques d’Amérique du nord et d’Europe notamment ? Quels récits d’une africanité cosmopolite s’y rapportent, en prise avec quels rapports d’autorité et schémas de domination aussi bien locaux que globaux ? Et en quoi rejoignent-ils ou au contraire s’opposent-ils à d’autres narrations plus anciennes ou adossées à des conceptions radicalement différentes de la place de l’Afrique dans le monde (négritude, panafricanisme, afrocentrisme, ou encore afropolitanisme et afrofuturisme) ?
En repartant de ce type d’interrogations, et en m’appuyant sur mes propres travaux à Dakar parmi les « aventurières de la nuit » mais aussi sur les contributions rassemblées dans un dossier de Politique africaine (« Blackness », décembre 2014), je proposerai quelques pistes de réflexions quant à un questionnement de la blackness depuis le continent africain. Loin de réifier une communauté « black » transnationale et d’en suggérer la cohérence ou l’unité, la discussion portera sur des modalités chromatiques de signification du pouvoir et de la domination qui se déploient tant à échelle locale que globale, et en postulant leur diversité intrinsèque.

 Sarah FILA-BAKABADIO, maître de conférences à l’Université Cergy-Pontoise,
Image(s) et positionalités du corps dans l’Atlantique noir

Résumé :
A partir de l’article publié en décembre 2015 dans Politique africaine, intitulé "Photographie et géographie corporelle de l’Atlantique noir", il s’agira de prolonger la réflexion alors engagée sur le rôle de la photographie en tant qu’instrument de cartographies du corps noir formées depuis l’Atlantique noir. En m’appuyant sur des travaux de photographes africains et afro-américains comme Carrie Mae Weems, Ingrid Mwangi, Rotimi Fani-Kayode ou Kudzanai Chiurai et en empruntant au champ des histoires connectées, j’envisagerai le corps noir comme un espace de circulation où des histoires, des cultures et des identités se superposent et interagissent pour former des géographies de l’appartenance. Je discuterai du rôle de la photographie comme instrument d’une positionalité atlantique et évoquerai les reconfigurations raciales, sociales et de pouvoir que ces œuvres initient dans un dialogue en et hors d’Afrique qui, lui-même, ouvre vers une discussion sur le cosmopolitanisme noir.

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