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Des terrains interdits ?

Journée d’Étude de la Fédération Sciences Sociales Suds F3S organisée par CESSMA et URMIS.

Réflexion autour de la « sécurité » et des conditions d’accès au terrain dans les pratiques de recherche en sciences sociales.

Date :
11 septembre 2017, 9h30-17h

Lieu :
Université Paris Diderot
Bâtiment Olympe de Gouges
Salle M19

Les pratiques de la recherche scientifique ne peuvent faire l’économie d’une démarche réflexive sur la construction du savoir et les conditions dans lesquelles celui-ci est élaboré. Dans les sciences sociales, l’accès au terrain est sans doute la condition sine qua non d’une production historicisée et située de connaissances au plus près des transformations sociales. Un ensemble de restrictions affecte aujourd’hui, de façon sans doute inédite, de façon lointaine ou plus proche, la possibilité de mener librement un travail de recherche fondé sur une approche empirique des objets.

La réflexion à la base de cette journée d’études s’appuie sur un double constat. Le premier est celui de formes de violence semblant se multiplier dans des contextes très divers (de l’Europe aux Amériques et à l’Afrique), violences qui peuvent relever non seulement de groupes aux contours et aux objectifs difficilement lisibles, mais aussi de l’Etat lui-même. Tout autant qu’à une croissance de la violence, nous sommes face à une complexification des formes de cette violence et des répercussions qu’elles peuvent avoir sur les pratiques de recherche : choix des objets de recherche, accès aux lieux et aux populations, méthodologie mise en oeuvre, restriction d’accès à des données de seconde main… Le second constat est celui de la mise en avant par les institutions dont dépendent les chercheurs d’un principe de précaution se conjuguant à des intérêts géostratégiques et diplomatiques. Pour reprendre les termes usités par le ministère des affaires étrangères français, les « zones rouges et oranges » se multiplient, impliquant des restrictions au travail et à la circulation des chercheurs. Toutefois, au-delà de la définition de ces zones, les conditions pour y accéder ne sont pas uniformes en fonction des régions du monde et selon l’interprétation qu’en font les institutions de recherche.

Cette journée vise à engager une réflexion sur la base d’un partage d’expériences autour des axes de questionnement suivants : en quoi les différents constats énoncés précédemment participent-ils d’une évolution de nos objets et pratiques de recherche ? Quelles conséquences durables peut avoir ce nouveau scénario de recherche sur les relations/collaborations que les chercheurs ont construit avec des collaborateurs sur place, où l’analyse dépend souvent d’un long processus de familiarisation ? Dans quelle mesure le processus de construction de la connaissance est-il influencé par ces différents choix, en termes de déficit de connaissances sur les lieux/régions concernés comme en termes de possibilité pour des étudiants et jeunes chercheurs d’investir ces terrains et de la responsabilité que cela implique ? Plus largement, l’objectif de cette journée d’étude est d’interroger les usages politiques, institutionnels mais aussi scientifiques qui sont faits des termes de « sécurité », « danger », « menace »… Comment ces usages, qui peuvent se décliner du Nord au Sud, transforment-ils aujourd’hui les façons de faire et de penser la recherche en sciences sociales ?

  • Accès libre

Contacts : florence.boyer@ird.fr et faret@univ-paris-diderot.fr

Programme-JE_terrainsinterdits