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Droit et dynamiques familiales

Droit et dynamiques familiales

9 novembre 2017,
14h, salle Georges Duby, MMSH

Marième N’Diaye (CNRS, ISP, Paris), « Analyser les dynamiques familiales au prisme du droit. Enjeux de la production et de l’application du code de la famille au Sénégal »

Au Sénégal, les obstacles à la mise en œuvre et à l’appropriation du code de la famille (1972) confortent l’idée d’une déconnexion entre normes juridiques et pratiques sociales, conduisant implicitement à considérer le droit (étatique) comme un objet de moindre intérêt pour la sociologie. Dans cette présentation, on va au contraire s’attacher à montrer que le droit peut constituer un outil d’analyse pertinent, à condition de le considérer non pas tant sous l’angle de la question de son effectivité qu’à partir des processus par lesquels il finit par s’inscrire dans les rapports sociaux qu’il contribue à façonner. En se basant sur une enquête relative au traitement du divorce et de la succession au sein des tribunaux (contentieux) et maisons de justice (médiation) de Dakar et de sa banlieue, on verra la pluralité des attitudes et jeux à l’égard du droit qui émergent et qui constituent autant d’indices des évolutions des rapports de genre au sein des familles.

Marie Rodet (SOAS, Londres), « Inventer la justice indigène : la bigamie comme délit colonial au Soudan français (1900-1946) »

En analysant des affaires « d’escroquerie au mariage » et de « bigamie » jugées par les tribunaux coloniaux de Kayes (Mali actuel) dans la première moitié du vingtième siècle, ce travail vise à examiner dans un premier temps le peu d’intérêt colonial pour la géographie complexe des mariages locaux et la circulation des femmes. D’autres part, ces affaires montrent en filigrane le rôle crucial joué par les membres féminins de la famille de l’épouse, notamment les mères et les tantes, dans les négociations de mariage et le soutien qu’elles peuvent apporter à leur fille ou nièce dans ces stratégies maritales. Ce pouvoir spécifiquement féminin se voit cependant bientôt érodé par la codification coloniale des coutumes et l’invention coloniale de délits spécifiques passibles de prison que sont les «escroqueries au mariage» et la «bigamie».

Voir le programme général du séminaire.