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Le Sahara : de la zone frontière à l’espace nodal de « l’Afrique Méditerranéenne » (Antiquité – Temps présent)

Appel à candidatures

Dans le cadre d’une école thématique qui se déroulera à l’École française de Rome du 19 au 23 mars 2018

Présentation

A l’instar de la Méditerranée, le Sahara se présente comme un espace insulaire : une vaste étendue bordée de rivages et ponctuée d’îlots (les oasis) connectés entre eux par des routes commerciales et d’échanges divers. De l’Antiquité à l’actualité la plus récente, les « marges » désertiques du Maghreb n’ont cessé d’apparaître, d’un certain point de vue, comme le modèle de la frontière hostile et difficilement contrôlable. Sur une durée plus longue, le Sahara, qui n’a pas toujours été un désert, a été, selon les périodes, un espace de repli, une barrière, ou un pont entre la Méditerranée et l’Afrique sub-saharienne (12 000 à 4 000 BP, correspondant aux périodes de l’Holocène et du Néolithique ; période médiévale : expansion de l’islam et du commerce caravanier). Depuis les années 1960, des travaux montrent que cet espace a constitué une zone de contacts entre « l’espace méditerranéen » et les régions au sud du Sahara d’une part, entre l’Afrique du Nord et l’Égypte à travers le désert libyque d’autre part. Ces contacts et les échanges qu’ils ont générés semblent avoir pris véritablement corps au cours de la période comprise entre l’Empire romain et les débuts de l’islam. Ils se sont développés avec la diffusion de l’islam et d’une culture islamique commune. Ces interactions ont joué un rôle central dans l’histoire du Maghreb, du « monde méditerranéen » et de ce que l’on appelle aujourd’hui « l’Afrique subsaharienne ». Articulé au commerce de l’or, la traite transsaharienne prend son essor au VIIIe siècle, sous l’impulsion des berbères ibadites et de commerçants juifs (Botte, 2011). Elle se déploie sur plus de dix siècles sous les royaumes arabes, berbères et africains, et sous les Ottomans, pour se prolonger au-delà de l’abolition officielle de la traite (1848, pour la France). Sur le temps long, la traite eut des effets structurants, et ce jusqu’à aujourd’hui, sur les relations entre l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et l’Europe, ainsi que sur les stratégies d’émancipation des descendants de groupes d’esclaves (Rossi, 2016).

En France, depuis plus de dix ans, plusieurs chercheurs (dont certains sont membres de notre atelier) s’attellent donc à déconstruire et à décloisonner ces deux objets, que constituent la Méditerranée et l’Afrique, et mènent des réflexions sur le rôle crucial du Sahara comme lieu d’interconnections de « l’Afrique méditerranéenne ».

L’école thématique vise à mener une réflexion qui mettra ces deux approches en perspective pour faire émerger l’Afrique dans l’histoire de la Méditerranée, et inversement, en s’appuyant sur la documentation textuelle et archéologique, sur les enquêtes historiques, sociologiques et anthropologiques ainsi que sur les analyses des politistes. C’est dire que cette école thématique se veut résolument transversale et interdisciplinaire.

Les perspectives ouvertes par les missions archéologiques contemporaines offrent aujourd’hui une vision des conditions propices pour entreprendre l’étude de cet espace – voir, pour les époques antique et médiévale, les travaux de R. Rebuffat, de P. Trousset sur le limes de Tripolitaine, de D. Mattingly dans le cadre du Fezzan Project et du Desert Migrations Project tripolitanus, ou encore ceux de C. Aillet et P. Cressier sur le site de Sedrata, à proximité de Ouargla et ceux de Fr.-X. Fauvelle sur le site marocain de Sijilmasa. Les études historiques anglophones comme celles de G. Lydon, B. Hall, U. Rebstock, J. Hunwick, H. T. Norris, mais aussi les publications de jeunes historiens tel I. Warscheid sur les traditions littéraires et juridiques des sociétés sahariennes ainsi que ceux menés par É. Voguet dans le cadre de son programme ANR sur le Touat participent d’un renouveau historiographique que cette école voudrait contribuer à prolonger. De même, en histoire moderne et contemporaine, pour les travaux de C. Grémont ou P. Boilley. Les travaux pionniers de P. Bonte et d’A. Wedoud Ould Cheikh en anthropologie constituent une base de travail pour une nouvelle génération de chercheurs abordant les dynamiques des sociétés sahariennes sous des angles divers (cultures matérielles et immatérielles : S. Boulay, M.-L. Gélard et Y. Ben Hounet ; économie et genre : C. Lesourd ; mobilité et connexion marchande : J. Scheele). En outre, répondant à une demande sociale forte, les nombreuses études sur les migrations actuelles telles celles que poursuivent S. Bava et J. Brachet et, plus largement le Laboratoire Mixte International « Movida », complèteront cette mise au point sur la place du Sahara dans l’histoire et l’actualité.

Date limite d’inscription : 20 décembre 2017 – 17h heure de Rome

La sélection des 15 participants à l’École thématique se fera en fonction du dossier académique des candidats, de leur profil de formation et de leur connaissance des langues.

Nous donnerons priorité aux candidats qui sont engagés dans un master, une thèse de doctorat ou dans des travaux de recherche postdoctoraux dans les champs qui seront traités dans l’atelier. Pour cela, ils devront présenter :

 Une lettre de motivation

 Un curriculum vitae (max. 2 pages)

 Un résumé (3500 à 7000 caractères, espaces et notes éventuelles comprises) de l’intervention proposée ;

 Une lettre de recommandation.

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