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De l’agrafe au logiciel : technologies bureaucratiques et relations sociales dans les mondes du travail en Afrique

Appel à communications

Le programme « la bureaucratisation des sociétés africaines » (l’Institut historique allemand/Centre de recherches sur les politiques sociales) et le Centre de recherche international Re : Work, en collaboration avec l’Institut des mondes africains (IMAF), et avec le soutien de l’Université franco-allemande (UFA), organisent une école d’été du 16 au 21 juillet à Berlin. Nous invitons des doctorant.e.s ou des docteur.e.s (ayant soutenu il y a moins de 3 ans) intéressés par la thématique à soumettre une proposition avant le 9 avril 2018.

Argumentaire :

Les univers professionnels, en Afrique, semblent de plus en plus imprégnés par différentes technologies bureaucratiques. Cela concerne le travail, formel et informel, journalier, spirituel, voire le travail forcé. Si ce constat est évident pour le travail du bureaucrate, cela vaut aussi pour le menuisier, le chauffeur, le paysan, l’ouvrier ou le marchand ambulant qui doivent, à un moment ou l’autre, remplir des formulaires, facturer des reçus, déclarer des dépenses, établir des listes etc. Outre les services publics, les grandes entreprises, les organisations non-gouvernementales, chaque école, église, magasin, association, ou groupement se dotent désormais de son équipement technique pour assurer son fonctionnement quotidien. Face à l’omniprésence de la bureaucratisation, Béatrice Hibou remarque à juste titre que nous sommes tous des bureaucrates. Notre équipement peut être une simple ramette de papiers, un bloc de factures, un formulaire, un cachet, un classeur ou une étagère, ou bien encore des logiciels de logistique ou des scanners d’empreintes biométriques. De telles technologies bureaucratiques ont un impact sur les pratiques de travail, dans les sphères économiques, politiques, sociales et religieuses. Ces pratiques sont souvent marquées par un imaginaire de l’efficacité, de la rationalisation et de la mise en place de procédures – parfois purement esthétiques, parfois suivant des logiques d’efficacité ou néolibérales. Cet imaginaire renvoie à des normes sociales du travail qui s’inspirent, parfois, de conceptions locales du ‘travail’, ou bien d’une conception du « bon citoyen ». Ces imaginaires bureaucratiques du travail dépendent directement de pratiques matérielles, c’est-à-dire de la manipulation et de l’usage d’artefacts et d’assemblages technologiques, qui déterminent ce qui est perçu comme le « vrai » travail bureaucratique et le « véritable » bureaucrate. Ainsi, ces technologies de la bureaucratie influencent nos façons de penser, nos façons de structurer notre organisation sociale, voire même la mise en scène de l’administration et de la gestion publique.

Pour notre université d’été nous invitons des doctorant(e)s en histoire, en anthropologie, en sciences politiques, en sociologie ou dans des disciplines apparentées à questionner leurs matériaux de recherche selon la vie quotidienne des technologies bureaucratiques. Ces technologies sont comprises tant comme des artefacts isolés que comme des assemblages technologiques encastrés dans des pratiques sociales et culturelles. De quelles manières se reconfigurent alors les imaginaires de la bureaucratie et du travail ? Comment conditionnent-elles et ordonnent-elles des processus de rationalisation bureaucratique ? Comment les technologies bureaucratiques génèrent, affectent, transforment et conditionnent différentes relations sociales ? Contribuent-elles au principe bureaucratique de la dépersonnalisation des rapports sociaux, et peut-être même participent d’une violence structurelle pour les acteurs ? De l’agrafe au logiciel, les technologies bureaucratiques ont un impact sur les façons dont les hommes se comportent vis-à-vis de l’Etat (citoyenneté), vis-à-vis d’organisations qu’ils représentent ou auxquelles ils appartiennent, ainsi que vi s-à-vis d’autres personnes et même vis-à-vis d’eux-mêmes. Ces rapports génèrent soit un engagement/attachement, soit un détachement. À travers le prisme de la technologie, nous envisageons ainsi d’étudier les rôles praxéologiques, esthétiques, affectifs/émotionnels et/ou symboliques/imaginaires que les technologies bureaucratiques jouent dans la formation de relations humaines entre engagement/identification et détachement.

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AAC_Ecole-ete-Berlin