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La fabrique d’un rap africain. Création, engagement et cosmopolitisme à Ouagadougou, Burkina Faso

Soutenance de thèse de Anna Cuomo
Directeur de thèse : Michel Agier

Le 18 octobre 2018, à 10h, EHESS, salle 1, 105 bd Raspail, 75006 Paris

Jury :
 Michel Agier, DE à l’EHESS
 Rémy Bazenguissa-Ganga, DE à EHESS
 Christine Douxami, MC à l’Université de Franche-Comté
 Frédéric Le Marcis, Prof. à l’ENS, Lyon
 Virginie Millot, MC à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense
 Nicolas Puig, DR à l’IRD
 Fabienne Samson, CR (HDR) à l’IRD

Résumé :
Cette thèse porte sur le monde du rap à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Elle interroge les conditions d’accès à la reconnaissance des rappeurs burkinabè engagés dans une carrière professionnelle, tant localement qu’à une échelle internationale. Après deux ans d’enquêtes ethnographiques multi-situées et centrées sur les pratiques et les "manières de faire" du rap, de le promouvoir, le performer et le diffuser, je montre que c’est à partir d’une conscience connectée en permanence à un monde global, vécu et/ou imaginé, que ces artistes choisissent de "fabriquer" un rap africain authentique et exportable. Dans un pays où l’industrie musicale est peu développée, les rappeurs burkinabè ont recours à des financements divers (ministère de la Culture, Institutions européennes, ONG, soutiens privés locaux) qui conditionnent les processus créatifs. L’authenticité constitue une notion relationnelle, ancrée dans des rapports de pouvoirs : ils deviennent reconnus localement pour leur capacité à s’approprier une modernité globalisée d’une part, et d’autre part accèdent à une reconnaissance internationale dans leur propension à incarner la "nation burkinabè", entendue comme une communauté imaginée. Enfin, cette thèse développe une réflexion sur la catégorie d’"artiste engagé" ;j’analyse les processus de subjectivation politique chez les rappeurs burkinabè, souvent considérés comme porte-parole d’une jeunesse "consciente" et contestataire du continent. Ces derniers inscrivent leur démarche au sein d’un espace moral construit par l’Etat postcolonial burkinabè, en cherchant une visibilité à l’étranger dans l’optique d’exister individuellement dans le monde, tout en accédant au statut de représentant d’une nation.

Mots clés :
Anthropologie, musique, politique, rap, Burkina Faso, mondialisation, cultures urbaines, Afrique de l’Ouest, authenticité, sujet politique, artistes engagés.