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Les arts en Afrique et dans ses diasporas : pratiques, savoirs, mobilités

Séance du 9 mai 2019, 19h30 à 21h30
Bétonsalon, 9 esplanade Pierre Vidal Naquet, 75013 Paris

 Katja Gentric & Annael Le Poullenec
« ... quand soudain le futur fit irruption : décalages et coïncidences dans l’art et le cinéma sud-africain d’aujourd’hui »

Annael Le Poullennec, chercheuse affiliée à l’Institut des mondes africains (IMAF), est spécialiste du cinéma sudafricain. Ancienne élève de l’École normale supérieure de Cachan, elle a obtenu son agrégation d’anglais en 2007 et soutenu une thèse de doctorat en études anglophones à Aix-Marseille Universités en 2013. Au croisement de l’Histoire du cinéma, de l’analyse filmique et des cultural studies, celle-ci interrogeait l’existence d’un espace post-apartheid cinématographique dans les longs-métrages de fiction sud-africains des années 2000, et les modalités esthétiques et narratives de sa représentation. Depuis 2014, Annael Le Poullennec se partage entre la coordination de projets de diffusion de la recherche (in situ et numériques) et ses travaux de recherche, qui portent à ce jour sur les rapports entre espace(s), identité(s) et mémoire(s) dans la création contemporaine en Afrique du Sud, particulièrement dans le cinéma de fiction, documentaire ou expérimental.

Artiste et historienne de l’art, Katja Gentric a été formée en Afrique du Sud et en France. Titulaire d’un D.N.S.E.P de l’ENSA Dijon et d’une thèse de doctorat de l’Université de Bourgogne, elle est actuellement post-doctorante au département « Art History and Image Studies » de l’University of the Free State, Afrique du Sud et Chercheur associé au Centre Georges Chevrier, Dijon.

Résumé :
Pourquoi parler d’art pour parler de futur ?
Vivre au présent est, en soi, vivre au bord du moment de bascule vers le futur. De plus, dans un pays avec un passé conflictuel et violent comme celui de l’Afrique du Sud, celui-ci resurgit sous des formes inattendues et détournées. La société doit pourtant y faire face pour parler d’avenir. Le passé et le futur paraissent alors sous forme d’images et d’effets de glissement qui aident à comprendre le présent, et vice-versa.
Sous le signe de cette paradoxale simultanéité et de ces temporalités réciproques, le présent devient un point d’intersection, un lieu possible de coïncidences ou de carambolages, entre passés et futurs, attentes et espoirs – espoirs en attente ? – anticipations retardées ? Le report constant du rêve promis après l’apartheid amène peut-être ce retard, ce délai, cette nostalgie
perpétuelle d’un avenir radieux toujours repoussé, où la résolution (la révolution ?) reste à venir. Inversement, le contexte sud-africain est celui d’une conscience aigüe de la possibilité d’un chavirement radical, amenant redéfinition et re-narration nationale, mettant à distance les récits de propagande, puisqu’un tel chavirement s’est déjà produit. Cette modalité de conscience amène un sens aigu du fictionnel, du potentiel, c’est à dire du pouvoir régénérateur de la narration, de la réimagination.
Incidemment, le fictionnel fait partie intégrante de toute pratique artistique. Dans les arts, ces décalages temporels sont personnifiés par celui qui ne se trouve pas « à sa place » : l’alien, le colon, l’expatrié, le migrant, le rêveur, le distrait, le time-traveller. A partir de quelques exemples concrets relevés dans l’art et le cinéma contemporains nous pointons décalages, coïncidences et moments de bascule. Du dictionnaire aux multiples temporalités Not no Place au film District 9 (Neill Blomkamp), en passant par les interventions du collectif Center for Historical Reenactments, nous cherchons les moments où l’inattendu vient briser le cours prévu des choses, les malentendus – et les idées préconçues, parfois avec un rire de surprise.

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