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Cahiers d’études africaines, n° 247

2022/3 (n° 247), dernier numéro des Cahiers d’études africaines

Les articles varia de ce nouveau numéro 247 des Cahiers d’Études Africaines font état de plusieurs débats concernant la transmission des expériences historiques. John Thornton reprend à frais nouveaux les débats historiographiques sur les guerriers dits « Jaga » qui déstabilisèrent le royaume Kongo à la fin du XVIe siècle. Sur la base de nouvelles preuves documentaires, il propose une reconstruction de l’histoire politique et militaire de la région. S’inscrivant dans une lignée de questionnements sur le traitement des sources de l’oralité, Paul Dhiédiou conteste un déni d’histoire pesant sur les Joola de Casamance, montrant les ressources de mémoire portées par les chants rituels. Le territoire est aussi un vecteur de perpétuation de structures sociales. Dans le nord du Cameroun, José Donadoni Manga Kalniga étudie les circonscriptions dites lamidats, anciens fiefs gouvernés par des autorités locales, remaniés par les administrations coloniales allemandes puis françaises, maintenus sous le régime républicain, concurrençant les administrations communales officielles. L’histoire et le pouvoir se conjuguent et se confrontent aussi dans l’éducation. Jon Abbink fait un examen critique du nouveau programme d’enseignement universitaire de l’histoire en Éthiopie qui tente d’opérer, dans une perspective décoloniale, une redistribution égalitaire des rôles entre groupes dominants, aux dépens des interactions complexes et conflictuelles relevant d’une histoire commune. En toile de fond à ces débats savants et à leurs applications, il faut aussi tenir compte des discriminations subies au cours de leurs carrières par les femmes universitaires en Afrique, étudiées par le croisement d’enquêtes réalisée aux Burundi, Cameroun et Gabon par Paule Christiane Bilé, Désiré Manirakiza et Fadimatou Mounsade Kpoundia. Les expressions artistiques sont également envisagées, d’une part à travers les expériences de Johannesburg rapportées par l’écrivaine franco-ivorienne Véronique Tadjo, étudiée par Aurélie Zannier-Wahengo, d’autre part à travers les situations d’exil de Congolais en Belgique, recomposées dans le film Pièces d’identité (1998) du réalisateur M. D. Ngangura étudié par Olubunmi O. Ashaolu. Enfin, dans le registre contemporain, Alison Morano livre une importante étude sur les mineurs comoriens non scolarisés à Mayotte, montrant la poursuite de violences de relégation et d’assignation à un statut étranger dans un archipel déséquilibré par la permanence d’une situation coloniale.

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