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Atelier des doctorants de l’lMAF (Site Raspail)

Séance du 20 mars 2015, 15h à 17h
Site Raspail / IMAF, salle de réunion, 2e étage, 96 bd Raspail

 Sadia Cherif, sociologue, maitre-assistant au département d’anthropologie et de sociologie de l’université Alassane Ouattara
Des politiques globales aux réalités : comment les femmes contribuent aux stratégies d’adaptation des moyens de subsistance ?

Discutant (sous-réserve) : Riccardo Ciavollela, anthropologue, chargé de recherche au CNRS, IIAC/LAIOS-EHESS.

Résumé :
Si le changement climatique fait désormais apparaitre la terre comme un corps vivant dont politiques environnementales globales et conférences mondiales sur le climat visent principalement sa préservation, force est néanmoins de constater que la hiérarchie des risques dépend des préoccupations locales. Cette communication veut ainsi montrer les réalités des enjeux environnementaux au niveau local par la mise en exergue du rôle des femmes dans l’adaptation autonome locale des agriculteurs ivoiriens à la variabilité climatique. À partir d’enquêtes ethnographiques à Zagoué, Niablé et Didablé, l’étude montre qu’à travers des rituels d’appel à la pluie, les pratiques féminines de résilience contribuent à freiner le manque d’eau venant du ciel et ainsi assurer la durabilité de leur ménage. Pour ce faire, le protocole d’adaptation autonome part des hommes à travers des rites et s’achève avec les femmes par plusieurs chants d’appel à la pluie psalmodiés autour des villages à la demande des autorités coutumières pour conjurer le mauvais sort et faire tomber la pluie. Cela dénote du rôle joué par les femmes dans les décisions prises au niveau local pour atténuer les effets des CC. Elles ont, en effet, développer une ingénierie leur permettant de contrer ses effets néfastes sur l’agriculture. Alors qu’à Zagoué en zone dan, deux chants d’appel à la pluie, Kpa yiri man hé et lahi yo lé, sont psalmodiés lorsque la période d’ensoleillement se prolonge, à Didablé et Niablé, zone akan respectivement du Centre et de l’Est, l’Adjanou ou Mouné reste le rituel féminin pratiqué pour appeler la pluie. Ces différents rituels de purification qui visent à expulser les forces du mal hors des villages ont pour conséquence immédiate la tombée de la pluie.

 Pamela Millet Mouity, Doctorante en sociologie des religions, EHESS/CéSoR/CEIFR/FIRA
Corps et sexualité chez les néo-évangéliques d’Ile-de-France

Discutante : Sandra Fancello, chargée de recherche au CNRS, IMAF-Aix

Résumé :
Ils sont parfois à l’entrée d’un immeuble, dans la rue, dans les transports en commun ou encore dans les centres commerciaux, ces « étrangers sur la terre ». Par la « pentecôtisation » de leur quotidien s’est constituée une communauté d’« étrangers sur la terre », qui procède par la rétrocession et la mise en commun du corps de chaque fidèle. D’une altérité ambiguë, ces néo-évangéliques franciliens, majoritairement issus (mais pas exclusivement) d’Afrique subsaharienne, des départements d’outre-mer, d’Haïti et d’Amérique latine sont une minorité religieuse au sens sociologique du terme. C’est par leurs pratiques quotidiennes, leur rapport à l’Autre, à l’argent, à la société globale et particulièrement au corps, qu’ils sont porteurs d’une «culture» nouvelle, sorte de cocktail explosif entre conformisme biblique et ouverture sur le monde. Ici, le souci du corps est primordial et s’inscrit dans l’économie de l’identification et de la distinction (Tonda, 2007: 22). Savoir entretenir son corps et maîtriser les codes d’une sexualité « pure » représentent un enjeu majeur et donnent lieu à une multitude de normes corporelles et d’interdits sexuels guidés par la quête d’un idéal ; celui d’un corps saint, jauge et miroir, d’abord individuel, puis collectif d’une spiritualité exemplaire à tous égards. Le corps « investi » et « discipliné » engendre donc d’une part, des pratiques d’hygiène spécifiques et, d’autre part, une mise en ordre sexuée des pratiques sexuelles. Car, dans cet univers de sens, le corps du fidèle n’est pas le sien. Il est « le temple du Saint Esprit ». Il faut en prendre soin. La sacralisation de la sexualité qui en découle lors des « jeux érotiques » des corps en « action », tout en étant favorable à un brin d’inventivité et de créativité de la part des sujets, en est la preuve. Cette communication nous permettra donc de comprendre comment ces néo-évangéliques, dans un processus d’identification/différenciation et de construction des frontières entre eux, les convertis, et les autres, les « païens », habitent et négocient ces normes.

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