Séance du 16 juin 2016,11h à 13h
IMAF / Site Raspail, salle de réunion, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris
– Abdel Wedoud Ould Cheikh, Université de Lorraine
La hisba et la question de l’imâm chez les théologiens sahariens (XVIIe-XIXe s)
Il existe en islam une obligation collective de "commander le bien et de mettre en garde contre ce qui est répréhensible" (al-amr bi-l-m‘rûf wa-l-nahî ‘an al-munkar) qui porte le nom de hisba. A la différence de l’obligation individuelle (fard ‘ayn) incombant à chaque individu (les prières, le jeûne, le hajj, la zakât…), l’obligation collective (fard kifâya) cesse de s’imposer au commun des croyants du moment qu’une personne s’en charge. Le devoir de hisba, qui se confond avec l’application des normes législatives de la sharî‘a, revient en principe à celui qui détient l’autorité au sein de la communauté, à l’imâm. Que faire en l’absence de cette autorité ? Et ne faut-il pas se mobiliser pour son avènement lorsqu’elle fait défaut ? Telle est la question que se sont posée un certain nombre de théologiens du Sahara maure précolonial face à "l’anarchie" (sayba) qui caractérisait leur territoire, évoluant hors de l’emprise de toute autorité centrale véritable.
Le propos de cette intervention est d’examiner les réponses qu’ils ont proposées et leurs implications pour la légitimité du jihâd en faveur de l’avènement d’un imâm appliquant la sharî‘a à lumière de quelques évènements historiques précis de l’histoire ouest saharienne.