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Les arts coloniaux. Circulation d’artistes et d’artefacts entre la France et ses colonies

Appel à communications

A l’occasion de l’exposition Peintures des lointains. La collection du musée du quai Branly-Jacques Chirac (30 janvier – 28 octobre 2018), le musée du quai Branly-Jacques Chirac s’associe avec le Musée national de l’histoire de l’immigration pour organiser, en partenariat avec le centre François-Georges Pariset – Université Bordeaux-Montaigne, un colloque sur la notion d’ « arts coloniaux ». Ce colloque pluridisciplinaire, au croisement de l’histoire de l’art, de la sociologie des institutions et des études postcoloniales, se propose d’interroger la circulation des artistes et des artefacts entre la France et les territoires de son Empire, comme support pour une réflexion sur la relation coloniale.

Champ d’étude encore peu exploré dans le domaine de l’histoire de l’art, la production artistique dans le contexte colonial ne peut être abordée uniquement à travers les créations d’artistes métropolitains ayant voyagé outre-mer, mais comprend un périmètre plus large d’artefacts où se manifestent des formes d’acculturation. Le colloque vise à distinguer des réseaux de circulation de personnes, d’objets et de concepts, en discernant des évolutions au long de la période coloniale, et en identifiant les multiples acteurs publics et privés de ce système des arts.

Le colloque n’assigne pas de limites chronologiques, même si le pivot de cette circulation se situe dans l’entre-deux guerres. Il se limitera aux relations entre la France et ses colonies, en ouvrant potentiellement des comparaisons avec les autres puissances coloniales européennes. On se référera aux arts plastiques et décoratifs en laissant de côté les productions musicales, la littérature et l’architecture. Une approche des systèmes de production et de circulation est souhaitée, plutôt que des études monographiques.

Les propositions pourront s’articuler autour des axes suivants :
 Créer et voyager
L’étude de la production en contexte colonial amène à s’interroger sur les créateurs d’œuvres et d’artefacts, sur les circonstances de création et sur la typologie des productions. Les facteurs et modalités du déplacement varient, tout comme les profils de voyageurs et les destinations. Les mouvements géographiques liés à des intentions artistiques concernent les artistes métropolitains voyageant dans les territoires de l’Empire - artistes accompagnant les explorations scientifiques ou militaires sur d’autres continents, peintres de la Marine, artistes lauréats de bourses de voyage ou voyageurs solitaires – ainsi que, dans une moindre mesure certes, les artistes dits « indigènes » qui se rendent en métropole. Qu’elles procèdent d’initiatives individuelles ou de commandes, les créations en métropole et dans les colonies constituent un ensemble considérable, encore peu étudié. L’analyse de l’iconographie et des techniques de création ouvrent la réflexion à la diffusion des modèles artistiques et culturels, ainsi qu’aux phénomènes d’acculturation.

 Eduquer et former
La mission civilisatrice revendiquée par la puissance coloniale a donné naissance à une politique pédagogique dans le domaine artistique et culturel. De nombreuses institutions d’enseignement ont été créées dans les colonies dès la fin du 19e siècle et dans le premier quart du 20e siècle, notamment des écoles de beaux-arts et des écoles d’arts appliqués. L’étude de ces institutions de formation, par le biais du personnel enseignant, du contenu des enseignements et du devenir des élèves, représente une des composantes essentielles pour interroger ce système colonial des arts. Ce volet comprend également l’éducation esthétique par le biais de la constitution de collections et l’ouverture de musées dans les colonies, à Saint-Denis de la Réunion, à Alger, ou encore à Hué.

 Exposer et diffuser
La circulation des objets et des artefacts est intimement liée à leur présentation dans des lieux dédiés, en métropole et dans les colonies, dans des foires, des expositions internationales et coloniales, des salons de sociétés d’artistes, des agences, des galeries et musées, et d’autres structures et événements qui ne sont pas toujours nécessairement présentés comme « coloniaux ». Les réseaux de mise en place de telles manifestations, les personnalités impliquées, tout comme les similitudes et divergences dans les ensembles présentés, enrichiront la réflexion sur les modalités de promotion des arts coloniaux, mais aussi sur leur réception, à travers l’étude de la presse.

 Dominer et s’approprier
Toutes ces démarches ont eu pour objectif de construire une conscience coloniale qui accompagne des formes d’appropriation des arts "indigènes" et ont mis en place une relation coloniale qui, dans le cadre spécifique des arts et des représentations qu’il diffuse, a longtemps tendu à justifier la domination. Sa remise en cause a provoqué des dénis dont les disciplines et les musées qui ont en charge ces domaines et les collections d’artefacts qui ont été produits, demeurent marqués.

Modalités de soumission des propositions et calendrier :
Les propositions de communications en français (5000 signes maximum) ainsi qu’une courte biographie sont à adresser à anna.laban@quaibranly.fr avant le 1er décembre 2017

Les décisions du comité scientifique sur les propositions seront communiquées au mois de février 2018.

Comité scientifique :
 Dominique Jarrassé, professeur en histoire de l’art contemporain, Université Bordeaux Montaigne, centre François-Georges Pariset
 Frédéric Keck, directeur, département de la Recherche et de l’Enseignement, musée du quai Branly-Jacques Chirac
 Aurélien Lemonier, directeur du Musée national de l’histoire de l’immigration
 Sarah Ligner, commissaire de l’exposition, conservatrice du patrimoine, responsable de l’unité patrimoniale mondialisation historique et contemporaine, musée du quai Branly-Jacques Chirac

Coordination :
Anna Gianotti Laban, responsable de la coordination des manifestations scientifiques, département de la Recherche et de l’Enseignement, musée du quai Branly-Jacques Chirac

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