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IMAF - Institut des mondes africains - L’insertion par le religieux des migrants au Burkina Faso


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L’insertion par le religieux des migrants au Burkina Faso

Projet ANR Relinsert, mars 2018-mars 2021. Projet jeunes chercheurs/jeunes chercheuses (JCJC) de l’ANR coordonné par Alice Degorce et mené en partenariat avec des chercheurs de l’Institut des Sciences des sociétés (INSS / CNRST) et de l’Université Ouaga I Professeur Joseph Ki-Zerbo au Burkina Faso.

Ce projet vise à analyser le rôle du religieux dans l’insertion de migrants qui s’installent au Burkina Faso ou qui en sont originaires, dans trois régions du pays marquées par des dynamiques migratoires et religieuses importantes. Il est parti d’interrogations relatives aux travaux de l’anthropologue américain E.P. Skinner et de plusieurs observations de terrain menées en amont par des membres de l’équipe. Dans les années 1950, Skinner remarquait en effet que les migrants moose en Côte d’Ivoire, souvent pratiquants des religions dites « traditionnelles » quand ils quittaient leurs localités de départ, se convertissaient généralement à la religion dominante dans la société d’accueil, dans le but de s’insérer socialement et de s’assurer que des funérailles seraient organisées s’ils venaient à mourir en migration (Skinner 1958). Plus d’une soixantaine d’années plus tard, nous avons choisi de réinterroger cette problématique alors que de nombreux migrants burkinabè étaient rentrés de Côte d’Ivoire depuis le début des années 2000, et que tant les routes migratoires que l’offre religieuse s’étaient diversifiées au Burkina Faso. Face à l’évolution rapide du terrain, une enquête collective questionnant de façon plus globale l’insertion des déplacés internes dans la capitale Ouagadougou a été menée en fin de projet afin de mieux ancrer nos travaux dans l’actualité de ces mobilités.

Anthropologues, géographes et historiens de l’Imaf en France et de l’INSS au Burkina Faso ont croisé leurs approches respectives et ont articulé leurs méthodologies pour interroger les dynamiques migratoires et religieuses sur des terrains proches. Les enquêtes ont en majorité été qualitatives. Elles ont été conduites à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso ; à Koudougou, troisième ville du pays ; à Bobo-Dioulasso, qui fut une zone d’accueil importante, lors des retours massifs des Burkinabè de Côte d’Ivoire au début des années 2000 ; et enfin, en milieu rural dans plusieurs localités du « pays bissa », zone importante d’émigration vers l’Italie et la Libye.
L’enquête collective sur les déplacés internes à Ouagadougou a été mise en œuvre selon la méthode de recherche ECRIS (enquête collective rapide d’identification des conflits et des groupes stratégiques). Après un atelier préparatoire de plusieurs jours à Ouagadougou, des enquêtes qualitatives (entretiens collectifs et individuels, observations) ont été menées par des équipes de chercheurs organisées en binômes ou en trinômes, et les données collectées systématiquement discutées et mises en commun.

Nos recherches ont permis de réinterroger des terrains connus dans les études sur les migrations au Burkina Faso sous l’angle des pratiques religieuses, et d’explorer de nouvelles formes de mobilités. Les mobilités intra-urbaines ou vers les grandes villes, en lien avec des structures ou des réseaux religieux, participent ainsi aux dynamiques urbaines et à éclairer les liens entre religions et mobilités. De nouvelles destinations ont pu faire l’objet d’enquêtes de terrain, mais les migrations de retour se sont avérées être un fil conducteur rencontré sur la plupart de nos terrains de recherche.

L’ouvrage collectif "Migrations, mobilités et réseaux religieux au Burkina Faso" (2021) rassemble nos principaux résultats. Le rapport de l’enquête collective sur les déplacés internes à Ouagadougou paraîtra quant à lui début 2023. Le projet a aussi donné lieu à la traduction en anglais d’un ouvrage co-dirigé par des membres de l’ANR, à 8 articles dans des revues à comités de lecture, 20 chapitres d’ouvrages, 51 communications et conférences, 5 mémoires de Master, 4 ateliers et journées d’étude, une exposition photographique et un livret, un film.

The Integration by Religions of Migrants in Burkina Faso (ANR Relinsert)

This project aims to analyze the role of religions in the insertion of migrants who settle in Burkina Faso or who are from this country, in three regions characterized by important migratory and religious dynamics. It started from questions related to the work of the American anthropologist E.P. Skinner and from several field observations carried out previously by members of the team. In the 1950s, Skinner noted that Moose migrants in Côte d’Ivoire, who were often practicing "traditional" religions when they left their places of departure, generally converted to the dominant religion in the host society, in order to fit in socially and to ensure that a funeral would be organized if they died during migration (Skinner 1958). More than sixty years later, our aim was to reexamine this issue as many Burkinabe migrants had returned from Côte d’Ivoire since the early 2000s, and as both the migration routes and the religious offer had diversified in Burkina Faso. Given the rapid evolution of the context of the fieldwork, a collective survey questioning the integration of IDPs in the capital Ouagadougou in a more global way has also been conducted in order to better anchor our work in the comtemporary mobilities.

Anthropologists, geographers and historians from the Imaf in France and from INSS in Burkina Faso have crossed their respective approaches and have crossed their methodologies to question migration and religious dynamics on common grounds. Most of the fieldwork was qualitative. They were conducted in Ouagadougou, the capital of Burkina Faso ; in Koudougou, the country’s third largest city ; in Bobo-Dioulasso, which was an important reception zone during the massive return of Burkinabè from Côte d’Ivoire in the early 2000s ; and in rural areas in several localities of the "Bissa country", an important zone of emigration to Italy and Libya.

The collective survey of IDPs in Ouagadougou was implemented using the ECRIS research method (Collective Rapid Conflict and Strategic Group Identification Survey). After a preparatory workshop during several days in Ouagadougou, qualitative surveys (group and individual interviews, observations) were conducted by teams of researchers organized in pairs or triples, and the data collected was systematically discussed and pooled.
Our research has both re-interrogated familiar fields in migration studies in Burkina Faso from the perspective of religious practices and explored new forms of mobility. Mobilities within or towards the main cities in connection with religious structures or networks thus participate in urban dynamics and shed new light on the links between religions and mobilities. New destinations were investigated in the field, but return migration was a common thread in most of our research sites.

The book Migrations, mobilités et réseaux religieux au Burkina Faso (2021) brings together our main results. The report of the collective survey on internally displaced persons in Ouagadougou will be published in early 2023. The project has also resulted in the translation into English of a book co-directed by members of the ANR, 8 articles in peer-reviewed journals, 20 book chapters, 51 communications and lectures, 5 Master’s theses, 4 workshops and study days, a photographic exhibition and a booklet, a film.