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Décolonisation et enjeux post-coloniaux de l’enfance et de la jeunesse (1945-1980)

Appel à communications

Dans le cadre d’un Colloque international bilingue (anglais-français) qui se tiendra les 27-28 juin 2018 à l’Université d’Angers (EnJeu[x]-CERHIO

Argumentaire
Si la jeunesse a joué un rôle important dans la construction des empires coloniaux, elle est également un enjeu essentiel de la décolonisation. Les processus d’émancipation des peuples colonisés au second XXe siècle posent en effet avec force la question sociale et politique de l’enfance et de la jeunesse en contexte colonial et post-colonial, dans les pays devenus indépendants comme chez les anciens colonisateurs. Dans un ensemble complexe de questions politiques et diplomatiques, économiques et sociales, démographiques et populationnistes, philosophiques et religieuses, les enjeux coloniaux et post-coloniaux de l’enfance et de la jeunesse ont produit des biopolitiques spécifiques.

Les projets coloniaux ont attribué une forte importance socio-politique à la prise en charge d’enfants et d’adolescents abandonnés à leur sort pour des raisons économiques ou racialistes. Les présences européennes en Asie et en Afrique ont généré des relations amoureuses ou forcées, passagères ou durables d’où naquirent des métis, devenus sujets de politiques de la race mises en œuvre par les États. Contre les engagements politiques anticolonialistes de la jeunesse, les pouvoirs coloniaux ont déployé une action sociale autant qu’ils ont mobilisé leurs appareils coercitifs et répressifs. L’indépendance des colonies approchant, « sauver » des enfants devint un objectif des promoteurs de sociétés coloniales « nouvelles ». Espérant repousser des échéances de plus en plus inéluctables et/ou prolonger l’aventure coloniale, les thuriféraires du colonialisme ont organisé des migrations forcées – présentées parfois comme des « rapatriements » – de milliers d’enfants d’Asie et d’Afrique vers l’Europe. Des mères ont été séparées de leurs enfants, des pères ont été ignorants du sort de leurs enfants et de celui de leurs mères, des fratries ont été séparées, des enfants ont été déracinés.

L’étude de ces différents processus – à l’instar des Colonial and Post-colonial Studies – interroge les cultures post-coloniales et les articulations entre décolonisation et colonisation, les prolongements de celle-ci dans celle-là. La dimension biopolitique est également très prégnante dans les politiques d’intégration/assimilation, l’acquisition de la nationalité et de la citoyenneté, l’assignation des enfants et des jeunes en tant que traits d’union avec la colonie perdue. Enfants et jeunes ont été sujets de politiques voulues ou soutenues par des biopouvoirs et mises en œuvre par des protagonistes divers : armées, associations, humanitaires, colonialistes, militants, simples citoyens…

Les réalités complexes qui entrent dans la thématique du colloque peuvent être étudiées à partir de sources très variées. Outre les archives publiques qui reflètent les différentes politiques menées, les sources écrites et orales d’associations ou d’autres organisations permettent de cerner les rôles d’acteurs non-étatiques. Les paroles, plus ou moins critiques, de celles et de ceux qui sont les premières personnes concernées par cette histoire – c’est-à-dire les enfants et les jeunes eux-mêmes – sont irremplaçables et seront convoquées lors du colloque.

Les propositions de communications pourront porter sur les deux espaces/temps couverts par le colloque : le contexte colonial et le contexte post-colonial, dans les sociétés en décolonisation comme dans les États colonisateurs. Sans être limitées à la liste suivante, les communications pourront aborder principalement plusieurs thématiques :
– Les débats et les pratiques d’éducation des enfants, de la formation des jeunes, des mouvements de jeunesse, des loisirs et les modèles et systèmes d’encadrement ;
– Les campagnes de santé publique et leurs acteurs, la prévention et le traitement de la délinquance juvénile ;
– La dimension genrée des prises en charge des enfants, les adoptions d’enfants nés dans les colonies ;
– L’Empowerment des jeunes en situation coloniale et post-coloniale, leurs engagements militants, leur enrôlement politique et idéologique ;
– L’accès aux droits, à la nationalité et à la citoyenneté.

Une approche par les représentations est évidemment possible.

Les parcours de vie et les mémoires des personnes concernées ainsi que leurs constructions subjectives constituent un thème privilégié.

Les propositions de communication, en français ou en anglais (une page maximum), sont à adresser avant le 31 janvier 2018, accompagnées d’un court CV, aux adresses suivantes : yves.denechere@univ-angers.fr et blandine.charrier@univ-angers.fr

Il ne sera pas demandé de frais d’inscription aux communicants ; l’organisation prendra en charge leur hébergement et leurs repas.

Organisation :
 Yves Denéchère, professeur d’histoire contemporaine, Université d’Angers, directeur du CERHIO (FRE CNRS), responsable scientifique du programme EnJeu[x]
 Blandine Charrier, coordinatrice du programme EnJeu[x]

Comité scientifique international :
 Nicolas Bancel (Université de Lausanne)
 Raphaëlle Branche (Université de Rouen)
 Christina E. Firpo (California Polytechnic State University)
 David M. Pomfret (The University of Hong Kong)
 Margarida Calafate Ribeiro (Universidade de Coimbra)
 Emmanuelle Saada (Columbia University)

Télécharger l’appel à communication en français et en anglais