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Atelier des doctorant-e-s de l’IMAF

Séance du 12 janvier 2018, 18h à 20h
IMAF / Changement de site : Raspail, 96 bd Raspail, Paris 6è.

 Hadizatou TRAORÉ, 2è année de thèse en anthropologie sociale et ethnologie.
Sous la codirection de M. Jean Paul Colleyn et M. Moussa Sow

Thème de recherche :
Le processus de patrimonialisation des biens culturels classés de Tombouctou : analyse des différentes représentations que se font les acteurs locaux, nationaux et internationaux du patrimoine culturel

Résumé de problématique :
La prise pour cible des mausolées de Tombouctou par les groupuscules islamistes lors de la crise sociopolitique de 2012 a sans doute relancé le débat sur l’avenir de ce patrimoine mais surtout rappelé qu’il ne faudra pas perdre en vue le caractère religieux de ces biens. On fait généralement référence au bien culturel de Tombouctou en tant qu’un ensemble de sites historiques exceptionnels tout en occultant sciemment ou inconsciemment leur dimension religieuse pourtant centrale dans leur considération sociale au niveau local. Pourrait-on parler de rupture dans l’idée patrimoniale lorsque les manuscrits anciens qui ont fait autrefois la renommée de la cité restent encore assez méconnus ? Tombouctou a-t-elle été victime de sa propre réputation ? Réputation de ses sites célèbres certes, mais dont les cultes qui y sont associés notamment le culte des saints semblent passer sous silence quand bien même qu’ils demeurent encore et toujours hautement controversés surtout par le courant islamiste salafiste dont les destructeurs des mausolées s’étaient revendiqués. L’UNESCO considère-t-elle cette question sensible de la dimension symbolique de ces sites ?
La problématique de cette thèse porte sur l’adoption de cette forme institutionnalisée de patrimonialisation de l’UNESCO des biens culturels de Tombouctou, de même que les enjeux sociaux, politiques, culturels et religieux que cela recouvre. Il est question d’analyser les usages et représentations que se font les différents acteurs de ce patrimoine culturel classé en variant l’échelle d’observation et en interrogeant les logiques de patrimonialisation de cette instance internationale qu’est l’UNESCO. Cette analyse passera également par l’examen du vocabulaire discursif mobilisé par les acteurs pour cette mise en patrimoine sur le plan officiel, puis sa confrontation avec le vocabulaire local désignant ce qui a valeur patrimoniale. L’analyse s’appliquera à vérifier également la validité non seulement du vocabulaire officiel mais aussi la sélection des biens auprès de la population locale de même que leur adoption ou rejet par celle-ci. Il s’agira aussi de comparer ces discours officiels et non officiels sur ce patrimoine des acteurs aux profils différents à leurs pratiques afin de comprendre les usages qu’ils font de ces biens et de leur statut. L’hypothèse de départ étant l’existence de divergences entre représentations et usages concurrents dans ce contexte actuel de polémique grandissante autour de la question religieuse et de fort investissement international, proximités et différences seront analysées, de manière à permettre un changement de perspective pour (ré) aborder Tombouctou. Il s’agit de réorienter l’angle de perception du patrimoine culturel classé de Tombouctou en étudiant la réalité vécue par les populations et en prenant le contexte socioéconomique et politique actuel dans sa complexité. L’objectif global étant d’apporter une connaissance supplémentaire, sinon nouvelle, à la place et au rôle véritable du patrimoine culturel à Tombouctou.

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 Elsa CHENAUD, doctorante en anthropologie sociale et ethnologie.
Étudiante en cotutelle, sous la direction de Rémy Bazenguissa-Ganga, directeur d’études, EHESS, Paris et Stéphanie Arsenault, Ph.D, professeur titulaire, Ecole de Service Social - Université Laval, (Québec)

Discutant de la séance : Monsieur Etienne Le Roy, professeur Émérite des Universités Paris I Panthéon-Sorbonne, anthropologue du droit.

Thème de la recherche :
Socio-anthropologie de la médiation familiale en contexte d’hétérogénéité culturelle. Terrains français et québécois .

Le thème général de la recherche consiste à analyser la médiation familiale des conflits familiaux en contexte d’hétérogénéité culturelle, précisément sur les terrains français et québécois. L’ampleur du phénomène découle d’un constat. En effet, l’Institut National de la Statistique et des Études Économique (INSEE, 2014 : 148) note qu’en France, le nombre de mariages mixtes est en nette croissance, de 27% sur la période 2010-2014. Pour l’Angleterre et le Pays de Galles, Parkinson (2014 : 26-27) a noté une forte croissance des alliances interethniques. Selon cette chercheure, les couples issus de ces relations sont 9 % à vivre maritalement en 2011. Au Canada, Statistique Canada (2010) indique une hausse de 33,1 % en 2006, par rapport à 2001. Ces unions représentent 3,9% de l’ensemble des mariages au Canada en 2006, contre 3,1% en 2001 et 2,6% en 1991.

· Ce qui pose problème, c’est que si la recherche académique a observé les travailleurs sociaux et les médiateurs familiaux, elle n’a toujours pas permis de savoir quel serait l’apport d’une ethnographie de leurs points de vue sur la connaissance de l’histoire et sur l’amélioration des interventions professionnelles en médiation familiale des conflits de couples mixtes. Le but poursuivi du projet est de mettre en relief les défis et les enjeux des pratiques de la médiation familiale face aux familles multiculturelles, en France et au Québec. L’objectif général vise à  : (1) Acquérir des clés de compréhension des conflits interpersonnels et/ou intrafamiliaux lorsque les univers culturels différents entrent en contact ; (2) Identifier et mieux comprendre la manière dont les professionnel(e)s prennent en compte la diversité culturelle dans leurs interventions ? Dans ce contexte, la question examinée est ainsi formulée : Quelle est la nature des conflits interculturels inscrits en médiation familiale et quelles démarches sont mobilisées par les praticiens pour les résoudre ? Pour répondre à cette question générale de recherche, l’étude s’articule autour de trois questions spécifiques : (1) Quelle sont les facteurs socio-anthropologiques desdits conflits ? (2) En quoi ces conflits diffèrent-ils de ceux des familles homogènes, et quelles précautions et démarches spécifiques sont mobilisées par les praticiens pour les résoudre ? (3) Quelle est la place de l’interculturalité (représentations collectives, imaginaire des intervenants, etc.) dans les pratiques de la médiation en conflits de couples mixtes ?

· Sur le plan épistémologique, la démarche du paradigme des « méthodes mixtes » (mixed methods) proposé par Creswell (2014), semble plus près de la problématique appropriée, à partir des « représentations sociales » héritée d’Emile Durkheim (1898).

· La méthodologie repose sur une approche ethnographique des représentations des médiateurs dans le contexte interculturel de l’intervention en couples mixtes à une approche transversale (socio-anthropologique) du champ du travail social.

· Type de recherche  : méthode qualitative centrée sur le décryptage du point de vue des médiateurs familiaux sur leurs pratiques en conflits conjugaux interculturels. Population à l’étude : Médiateurs familiaux intervenant sur les conflits de couples mixtes. Tableau d’opérationnalisation et mode de collecte de données.

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