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Réformer l’empire : une utopie éducative ? Les expériences d’éducation de base en Afrique coloniale française (1945-1956)

Cette séance aura lieu mercredi 23 mai, de 16h à 18h, salle J536 à l’université Paris Descartes, 45 rue des Saints-Pères, 75006 Paris.

Les organisateurs : Pierre Guidi, Pauline Jarroux, Julie Métais, Marc Pilon et Niandou Touré

Invité :
 Damiano Matasci (Université de Lausanne),
Réformer l’empire : une utopie éducative ? Les expériences d’éducation de base en Afrique coloniale française (1945-1956)

Au début des années 1950, l’administration coloniale française lance une série d’expériences d’éducation de base dans plusieurs villages d’Afrique occidentale et équatoriale. Menées par des petites équipes d’experts, celles-ci ont pour but de lutter contre l’analphabétisme et de transformer en profondeur les modes de vie des communautés rurales, notamment via la transmission de normes d’hygiène, d’habitat et de travail considérées comme modernes.

Reflétant la volonté prométhéenne d’exercer une action normative sur les territoires et les corps des colonisés, ces expériences s’inscrivent dansun contexte d’internationalisation croissante des débats sur les inégalités éducatives mondiales. La notion d’éducation de base est en effet mise au goût du jour par l’UNESCO, qui quelques années après sa création en 1945, entame également les premiers projets-pilotes sur le terrain. Confrontées à la médiocrité du bilan éducatif colonial et soucieuses de garder le contrôle sur les activités onusiennes, les autorités françaises voient donc dans ces expériences une manière de répondre à une nouvelle urgence politique, celle de certifier sur la scène nationale et internationale l’engagement renouvelé de la métropole vis-à-vis du bien-être des populationsafricaines.

La communication restitue tout d’abord le contexte d’élaboration de ce paradigme, ainsi que les rivalités qu’émergent entre lesinstances internationales et impériales au sortir de la Deuxième Guerre mondiale. Elle examine ensuite la mise en place par les experts du Ministère de la France d’outre-mer d’un appareil institutionnel destiné à imposer un label français au sein du marché international des doctrines et des programmes de développement. L’analyse s’intéresse enfin au contenu et au déroulement quotidien des expériences d’éducation de base, afin d’en éclairer ladimension "utopique" et mieux comprendre les raisons qui conduisent, vers le milieu des années 1950, à leur rapide abandon.