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Une nouvelle histoire de la prison et de l’enfermement ?

Appel à communications

Dans le cadre de Journées d’études internationales, les 8 et 9 novembre 2018, à Paris.
Journées coorganisées par :
 Vincent Milliot & Philippe Minard (Paris 8) ;
 Falk Bretschneider & Natalia Muchnik (EHESS)

Situé au carrefour de plusieurs historiographies – histoire de la justice et de la criminalité, histoire des polices, histoire de l’administration et de l’Etat, histoire de l’Eglise, histoire du travail et de la marginalité/pauvreté – le chantier de l’histoire de la prison et de l’enfermement connaît depuis quelques années un renouveau certain. Le programme de recherche récent « Enfermements. Histoire comparée des enfermements monastiques et carcéraux », mais aussi plusieurs soutenances de thèse et travaux de recherche au cours de ces dernières années l’attestent.

Longtemps adossée à un ensemble de travaux et de controverses illustrés par les ouvrages de Michel Foucault, Yves et Nicole Castan, Jacques-Guy Petit et Michelle Perrot notamment, l’historiographie francophone est aujourd’hui confrontée aux apports nombreux des historiographies anglaise et nord-américaine, hispanique, italienne et germanophone. Cette ouverture internationale s’accompagne du refus de considérer la prison sous l’angle exclusif d’un droit de punir reformulé par les réformateurs des Lumières et les juristes de la Révolution française. Toute approche téléologique, en termes de modernisation nécessaire ou de genèse de la prison est désormais récusée, au profit d’une interrogation plus complexe, fondée sur l’étude comparatiste dans le temps long des singularités « carcérales », mais aussi sur la diffusion, la circulation et la réinterprétation des expériences de l’enfermement.

Avant même « l’invention de la prison pénale » à la fin du 18e siècle et au 19e siècle, existent des lieux d’enfermements et des archipels carcéraux servant à retrancher du corps social un certain nombre « d’indésirables », que ce soit pour des raisons punitives, disciplinaires ou même charitables (hôpitaux, maisons de pauvres). Leur matérialité est incontestable, qui soulève des problèmes d’aménagement et de financement, détermine des circuits d’approvisionnement, nourrit les réflexions des administrateurs, des magistrats, des moralistes, des réformateurs et des économistes. Face à la population des enfermé(e)s se dessine le groupe de ceux qui gèrent au quotidien les lieux d’enfermement, qui encadrent les internés et dont on se préoccupe aujourd’hui de faire l’histoire sociale. La relecture de ce face-à-face conduit à interroger à nouveaux frais les modes de régulation internes aux lieux d’enfermement, mais aussi au-delà, à se pencher sur la diversité des fonctions assignées à ces lieux, sur les attentes et les représentations sociales qui s’y rattachent.

Ces premières journées, sous forme d’atelier, seront consacrées à un état de la recherche ; elles entendent constituer un jalon dans la formation projetée d’un réseau international centré sur l’étude des enfermements, plus particulièrement à l’époque moderne. D’autres journées thématiques, notamment à Montréal et à Moscou, sont en projet dans les deux années à venir. À terme, l’organisation d’un colloque international est un point d’aboutissement possible pour ce travail collectif.

Les contributions pourront traiter de l’histoire d’un type spécifique d’enfermements à l’époque moderne (prison urbaine, hôpitaux généraux ou institutions équivalentes dans d’autres pays que la France, institutions hospitalières, établissements ecclésiastiques…), des apports de recherches actuelles sur une aire culturelle particulière (des propositions concernant des régions non-européennes ou situées aux marges de l’Europe seront particulièrement bienvenues) ou bien d’approches de portée plus générale, théoriques ou méthodologiques, en relation avec le sujet.

Pour privilégier la discussion et la réflexion commune, les journées seront organisées sur la base de papiers préparés à l’avance et distribués à l’ensemble des participants. Un bref rappel des résultats principaux (10 à 15 minutes) sera prévu pour chaque papier au moment de sa présentation.

Les langues de travail seront le français et l’anglais.

PROPOSITIONS :
Les prositions seront sous forme d’un argumentaire ne dépassant pas 500 mots et accompagnée d’un CV succinct jusqu’au 30 juin 2018 à l’adresse enfermement2018@gmail.com.

Retour des organisateurs courant juillet 2018.

Les contributions rédigées seront à remettre au plus tard le 15 octobre 2018, afin que l’ensemble des participants puissent en prendre connaissance.