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IMAF - Institut des mondes africains - Penser le temps et écrire l’histoire de l’Afrique


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Penser le temps et écrire l’histoire de l’Afrique

Séminaire des doctorants de l’IMAF (site Malher) organisé par Olivia Adankpo, Hadrien Collet, Clélia Coret, Héloïse Kiriakou et Margot Monsillon.

Année universitaire 2014/2015
Périodicité : 1er mercredi de chaque mois, 17h-19h
Localisation : Site Malher / 9 rue Malher, 75004 Paris

Présentation

Conçues autour de rencontres mensuelles, les séances sont organisées autour d’une communication proposée par un doctorant d’une durée maximale de 45 minutes, suivie d’une discussion animée par un jeune chercheur spécialiste d’un autre espace, d’une autre période ou d’une autre discipline. Il s’agit de favoriser le débat entre des doctorants travaillant sur des périodes différentes au sein de l’IMAF et de faciliter les échanges avec les autres champs disciplinaires dont le terrain privilégié est l’Afrique.

Ordonner le temps, telle semble être la tâche qui incombe à l’historien. Qu’il s’agisse de la construction d’une chronologie, de ses efforts pour dater ses sources ou de son positionnement dans l’historiographie, le rapport de l’historien au temps est constant. Ce rapport et cette recomposition du temps revêtent des formes complexes et variées. La question du temps relève d’une obsession, comme le souligne Ousmane Sembène, qui qualifie les historiens de « chronophages ». Les historiens « mangent le temps en le disciplinant ; ils réduisent la multiplicité des discours et le chevauchement multiple, bigarré et tout en zigzag des évènements. Par cet aplatissement, ils rendent, paradoxalement, le temps et l’évènement sans importance ». C’est sur la question du rapport au temps complexe et intrinsèque à la discipline historique que ce séminaire souhaite se consacrer, en apportant une réflexion centrée sur l’histoire de l’Afrique. En effet, la question des usages de la temporalité dans l’élaboration de l’histoire des sociétés africaines soulève des problèmes spécifiques que ce séminaire cherchera à approfondir. D’une part, des problèmes d’ordre épistémologique, comment penser le temps et les temporalités des sociétés africaines ? D’autre part, des problèmes d’ordre herméneutique, comment comprendre et analyser la documentation manuscrite, archéologique, monumentale et orale produites par les sociétés africaines ?

Séances

 15 octobre 2014 / exceptionnellement de 18h-20h, salle 106
Anouar Hicham
Vers une approche holistique du schéma historique national marocain : les derniers développements historiographiques marocains et leurs implications
L’historiographie post-coloniale marocaine a hérité d’un schéma historique national fragmenté et désarticulé. Le préislamique apparaît au lendemain de l’indépendance totalement déconnecté de l’islamique. La rupture entre les deux périodes paraît, au lendemain de l’indépendance, parfaitement insurmontable faute de matériaux archéologiques et surtout de sources suffisamment explicites concernant l’Antiquité tardive et les premiers développements politiques au Maghreb al-Aqṣā. Cette rupture est longtemps entretenue par le cloisonnement institutionnel qui prévaut chez tous les acteurs de la recherche historique, au Maroc comme en France et en Espagne. Mais nul ne saurait nier le fait que cette rupture ait aussi longtemps été entretenue insidieusement par le complexe idéologique panarabo-salafiste qui au lendemain de l’indépendance influe toute l’intelligentsia marocaine et impose sa lecture aux nouvelles élites politiques. Celui-ci privilégie une lecture binaire de l’histoire marocaine : il y a d’abord la ǧāhiliya, le temps où la barbarie des populations autochtones n’est que péniblement rehaussée par les impulsions civilisatrices exogènes ; et il y a ensuite le glorieux roman de l’état marocain, de forme monarchique, de religion musulmane et de culture arabe, dont l’aura éclipse toutes les formes d’organisation politique tierces, surtout lorsqu’elles présentent une quelconque forme de continuité avec la ǧāhiliya. Durant ces années, la parole publique se borne à évoquer l’histoire préislamique du Maroc sous forme de boutades stéréotypées, exaltant la diversité des racines culturelles nationales.
À partir des années 1980, plusieurs acteurs s’ingénient à surmonter cet état de fait. Ce sont pour l’essentiel des individus berbérophones, poursuivant leurs études supérieures en France. De retour au pays, ils intègrent pour certains l’université publique, pour d’autres une nouvelle institution ambitionnant d’enfin former un personnel archéologique local : l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine, créé en 1985. Cette nouvelle génération d’archéologues et d’historiens parvient, grâce à de nouvelles approches archéologiques et à des démarches innovantes du point de vue méthodologique, à proposer des schémas historiques réconciliant le préislamique et l’islamique. Mais le principal bouleversement affectant l’historiographie marocaine est induit par la révolution identitaire en cours, celle qui amène à accepter l’idée qu’il existe un substrat de population strictement autochtone, qui constitue le liant de l’histoire nationale : la population berbère ou amazigh selon la sémantique. Cette idée, qui peut paraître banale, a longtemps été niée par l’historiographie officielle, qui s’obstinait à inclure dans les manuels d’histoire la fameuse sentence d’Ibn Ḫaldūn selon laquelle les Berbères, fils de Maziġ, lui-même fils de Canaan, seraient originaires du Yémen. Les conclusions des préhistoriens, au premier rang desquels figurent celles de Gabriel Camps, validées dans les années 1970 par la principale autorité tutélaire du champ historiographique national, Abdellah Laroui, ont contribué à étayer la thèse de l’autochtonie.
Ces dynamiques de déconstruction et de recomposition des paradigmes historiographiques traditionnels affectent donc immédiatement la façon dont le roman national s’écrit dans le temps long, ainsi que la façon dont s’articulent les différents chapitres qui le composent. Ce sont ces mutations que nous nous proposerons de caractériser au sein de cette intervention.

 5 novembre 2014 / salle 206 (Person)
Jacob Durieux
Le problème historique Libyco-Berbère

 3 décembre 2014 / salle 206 (Person)
Remi Dewière
« Et regardez son voyage vers la maison sacrée de Dieu », mobilité religieuse et diplomatie à l’épreuve du temps du ḥaǧǧ au Sahel médiéval et moderne (XIIIe-XVIIIe siècles)

 4 février 2015 / salle 106
Margot Monsillon
Histoire comparée des pratiques funéraires des sociétés à stèles, des sociétés chrétienne et musulmane en Éthiopie (XIIIe-XVIe siècles) : temporalités funéraires et écritures de l’histoire

 4 mars 2015 / salle 106
Cheikh Sene
L’évènement comme déclencheur de temporalités : l’impact de la guerre de sept ans (1756-1763) et du congrès de Vienne (1815) dans l’organisation de la politique fiscale ou les coutumes en Sénégambie XVIIIe-XIXe siècle

 1er avril 2015 / salle 106
Yves Mintoogue
Conscience nationale et « régimes d’historicités » dans le discours de l’Union des Populations du Cameroun (UPC)

 6 mai 2015 / salle 107 (double séance)
Clélia Coret
Reconstituer l’évènement ? Sources et perception du temps à travers l’exemple du massacre des Allemands à Witu (côte est-africaine) en octobre 1890

Rafaël Thiebaut
Une énigme à résoudre : le massacre des Français à l’île de Sainte-Marie en 1750

 3 juin 2015/ salle 107
Yves Beringue
Penser le temps d’une frontière à travers le cas du Mali et de la Guinée (XIXe-XXe siècles)

Discutante : Caroline Roussy (docteure en histoire, Paris I)