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Universalisation, spiritualisation et patrimonialisation du soufisme

Séance du 13 février 2020, de 17h à 20h
Campus Condorcet, salle 0.031, bâtiment Recherche Sud, 5 Cours des Humanités, 93300 Aubervilliers

 Amina Mesgguid (Université internationale de Rabat),
"La diffusion du soufisme hors cadres confrériques classiques : patrimonialisation du spirituel et pratiques new age"

La présentation envisagée s’articulera, dans un premier temps, sur la production de discours contemporains de l’objet « soufisme » au Maroc dans sa dimension de patrimoine universel, et ce, en dehors des cercles confrériques classiques, plus précisément dans les festivals annuels soufis. Il est certes utile de rendre compte de ce processus contemporain de sortie du soufisme de ses lieux communs, et de ce que ceci pourrait témoigner en termes d’intentionnalités des producteurs de discours en termes de stratégies de redéploiement du soufisme globalisé.

En effet, face à l’urgence des discours et images hyper-médiatisés de l’extrémisme violent à l’échelle transnationale, corrélé massivement à l’islam, les discours relatifs au processus de patrimonialisation promeuvent le soufisme comme universel car confluent avec d’autres cultures (religieuses), et le réhabilitent par conséquent bien souvent de manière idéalisée et enchantée. Ces discours omettent, cependant, de mentionner des éléments socio-historiques relativement porteurs de conflictualité qui auraient pourtant pu servir à apporter une vision complète et transparente de l’ancrage contextuel soufi au Maroc en vue d’échanges constructifs. C’est dans cette présente logique que la majorité des tables-rondes des festivals de soufisme au Maroc font la seule promotion de « dialogues interculturels, interreligieux, du mieux vivre-ensemble, de l’égalité hommes/femmes, de l’agir positivement sur soi et sur la société contemporaine ».

Cette velléité de réhabiliter le soufisme au Maroc comme « patrimoine universel » implique, dans un second temps, qu’il n’appartiendrait plus aux seuls musulmans. A cet effet, nous notons que ces discours contemporains portant sur le soufisme en contexte marocain se recomposent aussi bien dans leurs formes que dans leurs contenus car confrontés aux dynamismes religieux transnationaux, ce qui induit que ces dynamiques ne sont pas spécifiques au Maroc seulement. Cela nous amène, par conséquent, à interroger la catégorie plus large du « New Age » dans divers terrains soufis marocains, notamment en élargissant notre objet d’étude à des retraites spirituelles dans lesquelles les brassages et syncrétismes entre cultures religieuses et sagesses universelles sont plus assumés et visibles car échappent davantage au contrôle étatique officiel. Nous nous interrogerons alors sur le glissement du soufisme de son contexte socio-historique et socio-culturel islamique, dès lors qu’il sortirait de son espace-temps traditionnel qu’est la structure confrérique.

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 Brahim El Khalil Tidjani (président du Cercle des souffles, représentant de la confrérie Tidjania),
"Protection du patrimoine soufi : projet d’un musée du soufisme au Sénégal"

Brahim El Khalil Tidjani, cinquième petit-fils du cheick Sidi Ahmed Tidjani, le fondateur de la confrérie éponyme, est également le président du Cercle Souffles, Organisation non gouvernementale qui se définit comme "un mouvement spirituel, solidaire et apolitique dédié au soufisme et lié à la Tidjania". Cette intervention commencera par une description des origines et des caractéristiques de la confrérie Tidjania, confrérie "de migration" implantée en Afrique, en Asie, aux Etats-Unis et en Europe et qui revendique 250 millions d’adeptes. Il sera ensuite expliqué de quelle manière le Cercle Souffles participe à la diffusion, à la médiatisation, ainsi qu’à la protection et la patrimonialisation d’une certaine vision du soufisme. Enfin, l’intervention s’attardera sur le projet de création d’un musée du soufisme, initialement prévu au Maroc, et qui devrait finalement voir le jour au Sénégal.

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