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Enseignement supérieur dans les Afriques : le temps des réformes

Numéro disponible en ligne en accès ouvert.
Les articles traitent des cas de l’Afrique de l’Est, du Burundi, du Mozambique et de la Guinée.

Alors que l’enseignement supérieur connaît en Afrique des transformations massives depuis les années 1980-1990, il existe encore peu de recherches scientifiques en sciences humaines et sociales sur les réformes entreprises. Tout donne l’impression que, sur le terrain africain, l’enseignement supérieur manque encore de légitimité pour émerger comme un objet de recherche à part entière propice à des questionnements propres tout en étant une entrée stimulante pour discuter certains objets plus classiques des études africaines, comme la trajectoire des Etats, la fabrication des politiques publiques ou encore l’étude des mobilisations sociales.

Si le constat d’une transformation générale de l’enseignement supérieur est généralisable à l’échelle de l’Afrique, il convient de souligner la diversité qui caractérise ces évolutions. D’une part, les temporalités apparaissent variées : ainsi les réformes dites libérales ont été initiées de manière plus précoce dans les pays anglophones qu’au sein du monde francophone ou lusophone. D’autre part, l’intensité des changements n’est pas uniforme, des éléments contextuels venant atténuer ici ou là ces évolutions – notamment les crises de régimes et les capacités des États et de ses institutions. Par ailleurs, la nature de ces mutations paraît devoir être appréhendée au cas par cas, les réalités nationales n’étant nullement réductibles à un unique modèle de transformation, quand bien même il semble possible de dégager des tendances fortes d’évolution comme la mise en marché du secteur, l’avènement des procédures d’assurance qualité ou encore la politisation des réformes universitaires.

C’est là l’un des enjeux de ce numéro : esquisser certaines caractéristiques communes des réformes du continent tout en rappelant la nécessité pour la recherche de saisir les particularités des configurations locales des processus de (non)changement. La pluralité et la singularité de ces évolutions se donnent à voir par exemple lorsque l’on arpente les campus africains, entre, d’un côté, des infrastructures vétustes, des amphithéâtres surchargés, imposant aux étudiants d’arriver plusieurs heures avant le début des cours, un corps enseignant insuffisant et vieillissant et, de l’autre, des établissements modernes, offrant des formations professionnalisées à des effectifs réduits d’étudiants, insérés dans des échanges internationaux et bénéficiant d’une connexion internet efficace.