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Migrants ivoiriens en France et en Italie. Trajectoires et modes d’adaptation dans deux grandes villes européennes : Paris et Naples

Soutenance de thèse de Chiara Brocco
Cotutelle avec directeurs de thèse : Jean-Pierre Dozon (EHESS) et Valerio Petrarca (Federico II)
Le 14 décembre 2020, à 14h, visioconférence

Afin d’affecter le moins possible la qualité de la visioconférence nous sommes contraints de limiter l’accès au public. Les personnes souhaitant assister à la soutenance devront se rapprocher du candidat.


Jury de thèse :

 Jean-Pierre DOZON, anthropologue, IRD-EHESS, Paris, (directeur de thèse)
 Valerio PETRARCA, anthropologue, Université de Naples Federico II, (directeur de thèse)
 Riccardo CIAVOLELLA, anthropologue, CNRS, Paris
 Luigi GAFFURI, géographe, Université de L’Aquila
 Marc LE PAPE, sociologue, CNRS, Paris
 Rosa PARISI, anthropologue, Université de Foggia
 Souleymane YÉO, sociologue, Université Félix Houphouët-Boigny, Abidjan


Résumé :

Cette thèse analyse les multiples facettes des expériences migratoires d’Ivoiriens arrivés en Europe entre la fin des années 1990 et la première décennie des années 2000. S’inscrivant dans trois scènes : Côte d’Ivoire, France et Italie, ce travail s’appuie sur une démarche transnationale et comparative. Bien qu’en étant essentiellement ancrée dans le champ disciplinaire de l’anthropologie, cette étude a fait également appel à plusieurs autres disciplines telles que la sociologie, l’histoire des migrations, la géographie humaine, la philosophie, le droit des étrangers. Durant des enquêtes ethnographiques multisite, réalisées entre 2007 et 2013 en région parisienne, à Naples et à Parme, ainsi qu’à Abidjan, j’ai mené des observations intensives sur une longue période et recueilli nombreuses histoires de vie et récits de migrations. La complexité des itinéraires migratoires empruntés par les migrants est traitée dans l’étude, ainsi que le développement de leurs trajectoires existentielles. Nous avons décrit les profils de ces migrants, en dépassant les catégories qui leur sont assignées par la raison d’Etat, et en nous concentrant sur les évolutions de leurs vies en Europe. Une attention particulière a été réservée aux mécanismes de reproduction de la migration ivoirienne contemporaine, dépendants non seulement des crises qui ont frappé la Côte d’Ivoire depuis la fin des années 1990, mais également de la puissance de l’imaginaire sur un Occident idéalisé. Cet imaginaire qui s’est bâti au cours de l’histoire, par les rapports entretenus entre la Côte d’Ivoire et la France à l’époque coloniale et postcoloniale, continue de se développer dans la contemporanéité, par les représentations des médias ou encore par les retours physiques et matériels, en termes de transferts d’argent, des migrants déjà installés en Occident. Nous avons défini cette migration comme un « rituel contemporain », certaines phases propres aux rites d’initiation ayant cours dans les sociétés d’origine, étant identifiables, bien que revisitées et dans un cadre spatial et temporel plus étendu. Deux lieux : l’ancienne Maison des Etudiants de Côte d’Ivoire à Paris, et le « ghetto » des « vieilles maisons » de la via dell’Avvenire à Pianura, quartier de Naples, squattés par nombre de ces migrants et évacués, l’un en 2008, l’autre en 2010, ont été les espaces privilégiés de mes enquêtes. Dans les contextes de marginalisation sociale déterminés au cours de ces dernières décennies par les politiques migratoires européennes qui vont manifestement à l’encontre de migrants en provenance de pays dits « pauvres », ces sites se sont révélés des véritables laboratoires sociaux d’où les migrants ont déployé de multiples pratiques de « résistance dynamique », créées et mises en œuvre, pour se reconstruire, refaire leurs vies, en contournant de nombreux obstacles. Ces résistances dynamiques découlent du dialogue symbolique et constant que les migrants ivoiriens entretiennent avec l’univers culturel et social de leur pays d’origine, et qui les aide à reformuler et à inventer de modes d’adaptation aux nouveaux environnements du contexte migratoire. La dernière partie de l’étude traite du travail des associations ivoiriennes fondées par les migrants en France et en Italie, notamment celles à caractère « ethnovillageois » et celles dont l’appartenance est définie par l’origine nationale. En décrivant leurs différentes missions, les modalités de leurs activités, et les significations que les membres donnent de leur participation, ces productions sociales témoignent d’un autre volet par lequel s’exprime la dimension transnationale de la migration ivoirienne.


Mots-clés :

Migrants ivoiriens, Paris, Naples, Rituel contemporain, Résistances dynamiques