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Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mali, Mauritanie, Burkina Faso...)

Séance du 6 janvier 2021, de 13h à 15h
Visioconférence

 Jean Schmitz (IRD, IMAF),
Jihâd, soufis et salafistes ou les flux et reflux de l’émancipation islamique des subalternes (Afrique de l’Ouest, XVII-XXe siècle)

L’Afrique de l’Ouest a connu une chaîne de révolutions musulmanes au XVIII-XIXe siècle qui initièrent une émancipation/abolition mais tronquée des esclaves ou des éleveurs nomades. Paradoxalement ceux-ci contribuèrent dans une seconde phase à une extension de l’asservissement interne à l’Afrique. Le même mouvement pendulaire s’observe en ce qui concerne les principales voies soufies qui émergèrent à la fin du XIXe et du XXe siècle, la Tijâniyya et la Muridiyya. Dans un premier temps, leurs fondateurs reprirent le message émancipateur initial des jihâd pratiquant une « émancipation voilée » comme dans le cas de la Muridiyya en parallèle avec l’abolition légale de l’esclavage par les colonisations dans les années 1900. Néanmoins ces confréries, laissèrent les femmes et les présumés « esclaves » à l’extérieur des mosquées. En revanche des branches plus récentes de la Tijâniyya, celle de Faydha de Kaolack…– donnèrent plus de place aux femmes, aux jeunes dès le milieu du XXe siècle comme le firent les mouvements réformistes ou salafistes, ce qui se traduisit par une convergence paradoxale dans les années 1990. Selon notre hypothèse l’explication du changement de position des deux groupes charnières, les esclaves ou mamelouks du jihâd et les femmes de la phase soufie, se situe en deça de la sphère islamique. Elle réside plutôt dans la sphère privée des relations familiales, lignagères ou matrimoniales. Celles-ci noue ensemble les acteurs du champ religieux et les subalternes par des liens d’interdépendances.

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