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Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mauritanie, Mali...)

Pietro Fornasetti, jeune chercheur (IMAF) – fellow (ICM) ; Ismaël Moya, chargé de recherche au CNRS - Professeur associé à l’École polytechnique (LESC) ; Jean Schmitz, directeur de recherche (retraité) à l’IRD (IMAF)

Année universitaire : 2021 / 2022
Périodicité : 2e et 4e mercredis du mois de 16h30 à 18h30
Localisation : Bâtiment EHESS du Campus Condorcet, salle 25-B, 2 Cours des Humanités 93300 Aubervilliers
Calendrier : Du 13 octobre 2021 au 22 juin 2022


Attention !
(En raison de la situation sanitaire) L’accès au séminaire est soumis à une demande de participation.
Le lien pour déposer votre demande sera affiché ici la semaine du 27 septembre 2021.


Présentation :

Ce séminaire est consacré à l’anthropologie comparative des sociétés du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mauritanie, Mali, Niger...) et de leurs diasporas, régionales et internationales. Il aborde quatre thématiques : l’islam, les hiérarchies sociales de castes et d’esclavage, la migration ainsi que les relations de genre pour s’interroger sur l’unité de cette région. Loin de considérer les différentes configurations sahéliennes comme des espaces disjoints, on s’attache à comprendre leur continuité dans une perspective comparative en s’intéressant à l’historicité et la cohérence des économies morales, des institutions et des valeurs qui les organisent. Il s’agit enfin de dépasser les problématiques centrées sur la définition des groupes sociaux au profit de l’analyse des relations qui constituent et articulent les catégories et les organisations sociales locales et rendent compte de leur mutabilité : superposition (intersectionnalité), substitution, occultation. En effet, ces relations ont été prises dans les dynamiques politico-religieuses de la région (djihad du XIXe siècle, ordres soufis, salafisme…).


CONTACT :
ismael.moya(at)cnrs.fr, pietrofornasetti(at)gmail.com


PROGRAMME :


 13 octobre 2021
:
Séance introductive


 10 novembre

Jean Schmitz
La révolution voilée des ordres soufis ou « Islam et esclavage » à l’épreuve du terrain

Résumé :
Alors que la question de la légitimation de l’esclavage par l’islam fait débat en Mauritanie à partir de 2012, la question semble occultée au Sénégal. En réalité l’analyse d’un mouvement d’émancipation sur l’autre rive du fleuve Sénégal montre que celui-ci réussit dans sa lutte pour la reconnaissance islamique des subalternes – écoles coraniques, imamat – tout en contournant l’agenda de l’abolition. Ce processus n’est ni linéaire ni local puisqu’il interfère avec deux autres espaces moraux qui, effaçant les barrières entre libres et subalternes au regard de l’islam, génèrent des formes d’égalisation opposées : l’une par le haut dans la métropole d’une branche de la Tijâniyya au Sénégal oriental, l’autre par le bas dans une ville de l’ouest parisien où les immigrés de cette région sont nombreux. La singularité d’un tel mouvement renvoie probablement à la « révolution voilée » pratiquée par les confréries soufies qui ont su reformuler des registres d’action islamiques intégrant les « esclaves » de la fin du XIXe siècle comme le montrera Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme : Subalternité, luttes de classement et transnationalisme (livre collectif à paraître).


 24 novembre

Ismaël Moya
Pouvoir et hiérarchies. Vers une thermodynamique de l’action à Dakar (Sénégal) ?

Résumé:
Dans cet exposé, je propose de revenir sur la question des hiérarchies sociales à partir de la distinction conceptuelle entre hiérarchie et pouvoir. J’examinerai ensuite dans différents contextes la combinaison de la relation maître-esclave avec d’autres relations hiérarchiques statutaires, notamment celles de castes. Enfin, à partir de travaux menés à Dakar, j’analyserai la persistance des hiérarchies statutaires et en particulier la centralité des fonctions et des valeurs associées aux griots. L’examen d’une série d’exemples (danse du sabar, lutte sénégalaise, échanges cérémoniels, etc.) nous permettra de revenir ensuite sur la relation entre pouvoir politique et griots, et plus largement, relations hiérarchiques et capacité d’agir dans la société wolof contemporaine.


 8 décembre

Cheikh Abdoul Khadre Mané, EHESS-IMAF
Entre statut social et organisation politique. Ross Béthio : une configuration villageoise multi stratifiée

Résumé:
Partant de mes travaux de thèse sur le clientélisme et les relations statutaires dans le Delta du fleuve Sénégal, dans cet exposé j’analyserai la dynamique propre à une arène politique locale, celle de Ross Béthio, au prisme des hiérarchies entre « gens du commun » (géér) et « castés » (ñeeño). Ces catégories, et les rapports de dépendance qu’elles impliquaient, ont en effet subi d’importantes transformations sur lesquelles mon argument va s’appuyer. Liées tout d’abord à l’introduction des aménagements hydro-agricoles ayant impacté l’économie locale, puis à l’émergence de relations entre « autochtones » (doomu deuk) et « allogènes » (doxa dém), ces transformations ont redessiné les contours des relations de dépendance et contribué à re-contextualiser les hiérarchies de caste.
Or, ces reconfigurations résonnent de manière remarquable avec la situation plus large du pays, ayant a connu deux changements majeurs en 2000 et en 2012. En articulant les deux échelles, locale et nationale, mon analyse nous mènera alors à discuter du modèle démocratique sénégalais, ainsi que de la place des groupes subalternes, tels les ñeeño, dans l’arène du pouvoir. Comment ces groupes sociaux sont-ils intégrés dans les partis politiques ? Quelles sont leurs fonctions et leurs rôles dans la démocratie actuelle ?


 12 janvier 2022

Fabien Truong (Sociologue, Paris 8)
Autour de Loyautés radicales : retour sur une enquête ethnographique sur "la radicalisation" dans les banlieues françaises

Résumé:
Dans cette séance je reviendrai sur la conception et la réalisation de plusieurs enquêtes ethnographiques menées en banlieue, dont l’une porte sur Amédy Coulibaly, le tueur de l’hyper casher des attaques de janvier 2015, et a été menée à partir d’un groupe de personnes l’ayant fréquenté et connu bien avant son "passage à l’acte". Autour de l’ouvrage qui en a résulté, Loyautés radicales, nous parlerons de la notion de seconde zone et nous insisterons sur la nécessité de penser une telle trajectoire en comparaison à d’autres parcours ayant débouché sur des formes de pacification intérieure. En soulignant le rôle de la durée, de la temporalité et de la densité des comparaisons que permettent les études de cas, je montrerai comment ce type d’approche permet de revisiter la littérature sur la "radicalisation", la religiosité, la désistance, l’exposition à la violence et le rapport à l’islam. Je présenterai aussi quelques expériences liées à la réception du livre. Enfin, je reviendrai sur certains éléments sociographiques constitutifs de trajectoires migratoires maliennes. On se demandera notamment quels échos elles pourraient avoir avec les violences plus récentes liées à l’esclavage dans la région de Kayes (Mali) dont était originaire Amédy Coulibaly.

Bibliographie:
Loyautés radicales. L’islam et les « mauvais garçons de la nation », Paris, La Découverte, 2017
« Le medium du peuple? » in Laetitia Bucaille and Agnès Villechaise (dirs.), Désirs d’islam, Paris, Presses de Sciences Po, 2020, pp 101-131.
« Sur les impasses biographiques », Empan, vol. 123, no. 3, 2021, pp 94-101.


 26 janvier 2022

Pietro Fornasetti
Angles morts du transnationalisme : réflexions à partir des migrations burkinabè

Résumé:
Depuis la fin des années 1980 il est difficile, en anthropologie, de parler de migrations sans les qualifier de transnationales. Mais le « nouveau cadre analytique » du transnationalisme (Glick-Schiller et alii 1992, texte fondateur dont on peut célébrer la trentaine) est porteur d’un certain nombre de biais, méthodologiques et analytiques, qu’il convient de rappeler.
Ainsi, cet exposé visera à mener une critique interne du paradigme transnational et plus particulièrement du processus de déterritorialisation qui en est l’un des corollaires. Pour ce faire, je me baserai sur une revue de littérature ainsi que sur une étude de cas, celui des réseaux migratoires des gens de Sinikiéré.
Village de départ de migrants situé dans le Centre-Sud du Burkina Faso, Sinikiéré est un espace social réticulaire qui s’étend sur plusieurs continents (Fornasetti 2020). Loin de se trouver « déterritorialisé » par les circulations migratoires récentes il semble au contraire être une territorialité construite par les mobilités spatiales de ses habitants.
On se demandera s’il s’agit d’une singularité découlant de sa situation à la marge du royaume Mossi ou bien d’une généralité. Afin de soutenir cette dernière thèse, nous poursuivrons la réflexion sur la « frontière interne » de Kopytoff et nous appuierons sur des ethnographies actuelles menées dans des États voisins (Guinée...).

Bibliographie:
FORNASETTI Pietro, 2020, Maisons en voyage. Les migrations transnationales au prisme des réseaux matrimoniaux (Sinikiéré, Burkina Faso), Thèse de doctorat en Anthropologie sociale et ethnologie, Paris, EHESS.

GLICK-SCHILLER Nina, BASH Linda Green et SZANTON-BLANC Cristina, 1992, « Transnationalism: A new analytic framework for understanding migration » dans Nina Glick-Schiller, Linda Green Basch et Cristina Szanton-Blanc (eds.), Towards a transnational perspective on migration race, class, ethnicity, and nationalism reconsidered, New York, New York Academy of Sciences.

MONSUTTI Alessandro, 2010, « The contribution of migration studies and transnationalism to the anthropological debate: a critical perspective » dans Cédric Audebert et Mohamed Kamel Doraï 1974- (eds.), Migration in a globalised world : new research issues and prospects / edited by Cédric Audebert and Mohamed Kamel Doraï, s.l., p. 107 125.


 9 février

Catherine Taine-Cheikh (directrice de recherche émérite au CNRS/Lacito, Université Sorbonne Nouvelle et Inalco)
Langues et hiérarchie sociale. La subalternité en ḥassāniyya (Mauritanie)

Résumé:
Lorsque Faidherbe, en 1854, veut donner une idée des Maures, il fait remarquer que ce nom, devenu un nom de peuple avec les Romains, a été donné à des populations différentes – mais toujours “de race blanche” – et précise à propos de ceux qui peuplent le Sénégal qu’il s’agit de “peuplades errantes et misérables, amalgame inextricable d’Arabes et de Berbères [...]”. Il ajoute : “si nous voulons savoir ce qu’ils sont, voyons quelles sont les langues qu’ils parlent. Or, ils parlent deux langues entièrement différents, qu’ils appellent klam el arab et klam ezzenaga, l’arabe et le zénaga.” (‘Les Berbères et les Arabes des bords du Sénégal’, Bull. de la société de géographie 7, février 1854, pp. 90 et 92).
S’il commence par évoquer le critère racial, Faidherbe (auteur de la première étude sur le zénaga, publiée en 1877) met malgré tout en avant la question des langues.
Je me propose de suivre cette piste en montrant que si la place de la langue arabe officielle tend à envenimer les rapports intercommunautaires en Mauritanie, celle du dialecte arabe parlé par les Maures, le ḥassāniyya, a joué et joue encore un rôle déterminant, tant au plan linguistique (dans la rétraction du zénaga) qu’au plan socioculturel (dans la constitution d’une communauté hassanophone).
Dans un second temps, il s’agira de se pencher sur les rapports de force internes à la communauté des Maures (ou Bīđ̣ân ‘Blancs’) et d’analyser les mots de la langue par lesquels les ḥṛāṭîn se nomment et sont nommés. On verra en quoi les nominations et leurs variations selon le genre, le contexte social et les régions, peuvent être éclairantes.

Bibliographie:
Taine-Cheikh, C. (1988-1998), Dictionnaire hassaniyya-français, vol. 1 à 8, Paris : Geuthner, CIII + 1712 pp.

— (1989), "La Mauritanie en noir et blanc. Petite promenade linguistique en hassaniyya", Revue du Monde Musulman et de la Méditerranée, n° 54, 1989 / 4 [Mauritanie entre arabité et africanité, présenté et coordonné par P. R. Baduel], pp. 90-105.

— (2008), Dictionnaire zénaga-français. Le berbère de Mauritanie présenté par racines dans une perspective comparative, Berber Studies n° 20, Köln : Köppe, XCIX + 649 p.

— (2020), "« Hartani » : une enquête au pays des mots", L’Ouest saharien. Cahiers d’études pluridisciplinaires n° 10-11 (Devenir visibles dans le sillage de l’esclavage : la question ḥarāṭīn en Mauritanie et au Maroc, dir. par E. Ann McDougal), pp. 73-94.


 9 mars

Abdel Wedoud Ould Cheikh (professeur émérite à l’université de Lorraine) et Jean Schmitz (IRD-IMAF)
Présentation de l’ouvrage collectif : Le Sahel musulman entre soufisme et salafisme. Subalternité, luttes de classement et transnationalisme

Résumé:
L’un des sujets dont il est question dans l’ouvrage a trait à un certain nombre de polémiques qui se nourrissent de et entretiennent la (pseudo)polarité entre système des prescriptions de la sharî’a et soufisme, l’univers des fuqahâ’ (« théologiens-légistes ») et celui des awliyyâ’ (« saints »). Nous insisterons particulièrement sur le rôle d’un personnage central au sein de ces controverses : al-Mukhtâr wuld Bûna (m. 1805), qui fut compagnon d’étude de l’almaami Abd al-Qâdir Kan (m. 1806), le premier dirigeant politique de l’imamat du Fuuta Tooro (vallée du Sénégal).
Cette révolution musulmane est inscrite dans une chaîne de mouvements égalitaires du XVIIIe siècle. Á ces derniers succédèrent les jihâd expansionnistes du XIXe siècle se réclamant du soufisme confrérique, califat de Sokoto (Nigeria), État d’Al-hâjj Umar (Mali, Guinée). Á l’encontre de ces formations politiques qui mirent en œuvre un « second esclavage », la « révolution voilée » des ordres soufis mauritano-sénégambiens au tournant des XIXe-XXe siècle reprit le message émancipateur initial, mais plus à l’égard des hommes que des femmes.
Aussi les auteurs s’attachent-ils à étudier une génération ultérieure d’ordres soufis (1930-2020), celle de branches la Tijāniyya qui, en opposition complémentaire avec les réformistes, poursuivit la lutte pour la reconnaissance islamique des subalternes, en particulier des jeunes et des femmes. On assiste à une convergence entre certains ordres soufis et les mouvements salafistes qui selon des modalités différentes donnent aux subalternes accès au savoir, à l’espace public religieux et aux positions d’autorité.


 23 mars

Alessandro Monsutti, professeur (Graduate Institute - Genève)
Itinérances afghanes: Esquisse d’ethnographie comparative du politique

Résumé :
En août 2021, la capitale de l’Afghanistan est prise sans coup férir par les talibans, événement qui sonne le glas de vingt années d’effort de reconstruction soutenu à bout de bras par les États-Unis et leurs alliés européens. Comment pouvons-nous expliquer un tel dénouement ? Est-ce que les développements politiques que connaît le pays de l’Hindou Kouch peuvent nous aider à comprendre les dynamiques qui marquent d’autres sociétés, à l’instar de celles du Sahel ?
Je propose de regarder l’Afghanistan comme une arène politique transnationale qui questionne le grand récit téléologique de la modernisation et de la démocratisation. L’histoire récente du pays pourrait marquer l’échec du projet hégémonique de la paix libérale. En effet, de larges segments de la population afghane ne semblent pas avoir été convaincus par les mérites du modèle de l’État et de la société porté par les organisations internationales et non gouvernementales. Les itinérances afghanes se déclinent de nombreuses façons. Aux déplacements des réfugiés qui essaient de se rendre en Europe, en Australie ou en Amérique du Nord correspond la circulation d’experts qui exercent leurs talents en Afghanistan après avoir été au Mali, en Palestine ou au Timor oriental. Ceux-ci promeuvent des normes sociales et politiques censées être universelles ; ceux-là démasquent par leur mobilité la répartition inéquitable des ressources.

Bibliographie :
Adam Baczko, Gilles Dorronsoro, « Comment les talibans ont vaincu l’Occident », Le Monde diplomatique, septembre 2021, p. 1 & 14-15.
Noah Coburn, Losing Afghanistan : An Obituary for the Intervention, Stanford : Stanford University Press, 2016.
Gilles Dorronsoro, Le gouvernement transnational de l’Afghanistan : Une si prévisible défaite, Paris : Karthala, 2021.
Alessandro Monsutti, « Mobility as a Political Act », Ethnic and Racial Studies 41(3), February 2018, p. 448-455.
Alessandro Monsutti, Homo itinerans : La planète des Afghans, Paris : Presses Universitaires de France, 2018.
Olivier Roy, « Les deux visages du djihad », Le Monde diplomatique, octobre 2021, p. 1 & 11.


 13 avril

Ismaïl Warsheid (CNRS-IRHT)
L’espace sahélo-saharien et la genèse d’un Islam polycentrique (1500-1850)

Résumé :
Les dernières décennies ont vu un renouveau important de la recherche sur la production savante et littéraire en terre d’Islam entre le XVe et le XIXe siècle. Celle-ci avait pendant longtemps mauvaise presse. Les orientalistes du XXe siècle jugeaient les œuvres de la période peu dignes d’intérêt. Ceux-ci n’auraient été qu’un pâle reflet de la grandeur civilisationnelle de l’Islam au temps des califes de Bagdad, l’expression d’un climat intellectuel travaillé par le poids d’un traditionalisme religieux insensible à l’esprit critique et à l’innovation. Depuis les années 1970, un nombre considérable de travaux se sont attelés à la déconstruction de ce métarécit et de ses présupposés idéologiques. Un enjeu clé de cette révision a été la mise en exergue d’un Islam polycentrique. Surtout à partir des XVe/XVIe siècles, les foyers de culture musulmane se multiplient en Afrique et en Asie, produisant des formes d’islamité nourries par ce que j’appelle un « cosmopolitisme vernaculaire » reprenant un concept forgé par Sheldon Pollock, à savoir l’appropriation active de ressources culturelles de provenances diverses liées par des références communes à l’Islam. Ma communication proposera une lecture des traditions lettrées de l’espace sahélo-saharien avant 1850 et de leur impact socioculturel et politique sous cet angle. Dans quelle mesure l’émergence de ce que L. O. Sanneh a appelé les ‘clerical communities’ reflète-t-elle des développements plus globaux qui agitent l’Islam aux temps modernes et comment cette globalité s’enracine-t-elle dans le terroir des sociétés musulmanes en Afrique de l’Ouest ?

Bibliographie indicative :
Ousmane Oumar Kane, Beyond Timbuktu: An Intellectual History of Muslim West Africa (Cambridge, Mass.: Harvard University Press, 2016).
Ghislaine Lydon, “Inkwells of the Sahara: Reflections on the Production of Islamic Knowledge in Bilād Shinqīt,” in Scott S. Reese (dir.), The Transmission of Learning in Islamic Africa, (Leyde: Brill 2004): 39-71.
Khaled El-Rouayheb, Islamic Intellectual History in the Seventeenth Century Scholarly Currents in the Ottoman Empire and the Maghreb (New York: Cambridge University Press, 2015).
Ismail Warscheid, Droit musulman et société au Sahara prémoderne : la justice islamique dans les oasis du Grand Touat (Algerie) aux XVIIe-XIXe siecles (Leyde ; Boston: Brill, 2017).
Ismail Warscheid, « Le Livre du désert : La vision du monde d’un lettré musulman de l’Ouest saharien au xixe siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales 73e année, no 2 (2018): 359‑84.
Zachary Valentine Wright, Realizing Islam: The Tijaniyya in North Africa and the Eighteenth-Century Muslim World (Chapel Hill: The University of North Carolina Press, 2020).


 11 mai
ATTENTION : salle 0.017, bât. recherche sud, Campus Condorcet
Matthew Carey, Ce n’est pas en forgeant qu’on devient forgeron. L’Après-vie des catégories sociales dans le haut Atlas du Maroc

Résumé :
Cette conférence explore les points de convergence et, surtout, de divergence entre les façons de gérer les résidus symboliques et sociologiques des catégories sociales traditionnelles dans le Sahel et le Haut Atlas du Maroc - en l’occurrence, les descendants des anciens « esclaves » domestiques (ismakhn) et des forgerons (imziln), dont le métier a disparu sans pour autant entièrement effacer les stigmates sociaux. Elle s’intéresse à l’articulation entre un régime « égalitaire » traditionnel et celui de la citoyenneté moderne, ainsi qu’à la l’expulsion des références à la différence du discours public et leur assimilation à un domaine du non-dire.

Petite bibliographie :
Carey, M. (2020). Rendre l’égalité (in)commensurable: Le cas du Haut-Atlas marocain. L’Homme, 236, 107-128. https://doi.org/10.4000/lhomme.38128
Cheikh, M. (2918) « Scandales et ductilités des normes au maroc. Le cas de la prostitution vu par-delà des marges », dans Philippe Chaudat et Monia Lachheb (réd.), Transgresser au maghreb. La normalité et ses dépassements. IRMC-Karthala, Tunis et Paris.
Tamari, T. (1991). The Development of Caste Systems in West Africa1. The Journal of African History, 32(2), 221-250.


 25 mai
- ATTENTION : salle 0.017, bât. recherche sud, Campus Condorcet
Abdoulaye Sounaye (Leibniz-Zenrum Moderner Orient de Berlin, professeur invité de l’IISMM)
Religiosités Croisées à Niamey, Niger : Une Lecture des Évènements « anti Charlie » de 2015

Résumé :
Cette conférence présente les résultats d’une recherche sur la rencontre entre pentecôtistes et salafistes à Niamey, Niger. Elle part des évènements dits « Anti-Charlie » de 2015 et présente quelques éléments d’analyse sur les nouvelles articulations des religiosités concurrentes en milieu urbain au Niger. Comment en sommes-nous arrivés là ? Quelles associations symboliques expliquent ces violences ? Quel sens prend la notion de minorité religieuse dans un contexte ou salafisme de plus en plus normatif rencontre un pentecôtisme offensif ? Qu’en dire des interactions entre Chrétiens et Musulmans ? Quelles associations émergent aussi bien de ces évènements que de ces interactions ? Cette conférence est un essai de mise en rapport de phénomènes d’urbanité, de religiosité et de compétition dans le cadre d’une recherche socio-anthropologique sur les religiosités croisées que je mène depuis quelques années en Afrique de l’Ouest.

Petite bibliographie :
Schritt, Jannik. 2015. « The ‘Protests against Charlie Hebdo’ in Niger: A Background Analysis. » Africa Spectrum 50 (1): 49–64.
Soares, Benjamin F. 2006. Muslim-Christian Encounters in Africa. Leiden: Brill.
Sounaye, Abdoulaye. 2016. Islam et modernité : contribution à l’analyse de la ré-islamisation au Niger. Paris: L’Harmattan.


 8 juin
- ATTENTION : salle 0.017, bât. recherche sud, Campus Condorcet
Ousman Kobo, Ohio State University (Columbus, OH, USA), professeur invité de l’IMAF
West African Salafi/Wahhabism and the Debates about Islamic Modernity


 22 juin
- ATTENTION : salle 3.07, Centre de Colloques, Campus Condorcet
Ousman Kobo, Ohio State University (Columbus, OH, USA), professeur invité de l’IMAF
The Aesthetics of Tasbih among West African Muslims : Material Culture, Devotion, and Identity Politics