« Regards croisés », séminaire de l’IMAF-Aix, coordonné par Muriel Champy (Université d’Aix-Marseille) et Romain Tiquet (CNRS).
Voir le programme complet du séminaire.
vendredi 22 octobre
14h-17h
salle Georges Duby, MMSH
– Mouhamadou Moustapha Sow (Université Cheikh Anta Diop, Dakar)
« La crise du 17 décembre 1962 au Sénégal : essai d’interprétation »
Cette présentation portera sur un conflit politique peu connu au-delà du Sénégal et souvent passé sous silence par les historiens sénégalais parce que son évocation charrie beaucoup de contradictions et de tensions au sein de la classe politique sénégalaise. Il s’agit de la crise politique et gouvernementale de décembre 1962 qui opposa le président de la République, Léopold Sédar Senghor, au président du Conseil de gouvernement, Mamadou Dia. Ce dernier est renversé à la suite d’une motion de censure votée par l’Assemblée nationale. Il est ensuite accusé de tentative de coup d’État, arrêté, jugé et mis en prison pendant douze ans. Cette crise politique constitue un épisode politique majeur du Sénégal post-indépendance. En effet, ladite crise résume à elle seule les problématiques de l’Afrique postcoloniale à savoir : la discussion du projet politique des nouveaux états, leurs orientations économiques, leurs options diplomatiques et, surtout, les divergences entre les principaux leaders ayant cheminé ensemble vers la souveraineté nationale et jeté les bases du nouvel état indépendant. D’un point de vue méthodologique, cette recherche s’appuie sur une combinaison de sources d’archives récemment déclassifiées et de sources orales et de témoignages autobiographiques afin de dégager toutes les lectures possibles d’un micro-évènement dans une perspective globale.
Titulaire d’un doctorat d’histoire moderne et contemporaine de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) soutenu en 2011, Mouhamadou Moustapha Sow est enseignant-chercheur au département d’Histoire de l’UCAD et chercheur associé au centre franco-allemand March Bloch, Berlin (Allemagne).
– Catherine Atlan (Université d’Aix-Marseille, IMAF)
« Les voix de 1968 au Sénégal : histoire orale d’une génération politique »
La période contestataire qui se cristallise en mai 1968 au Sénégal constitue la seconde crise politique majeure traversée par ce jeune pays indépendant.
L’étude de cet épisode a été récemment renouvelée par certains historiens (Blum, 2012 et 2014 ; Gueye, 2017 ; Bianchini, 2018), qui en analysent les diverses dimensions, locale comme globale, politique comme sociale. On voudrait ici approfondir les trajectoires des protagonistes de ce mouvement, en examinant la façon dont ceux-ci se constituent en « génération » politique et intellectuelle. Dans cette perspective, le recours à l’histoire orale semble fécond : restituer les voix des acteurs sénégalais des années 1968 permet de croiser les expériences singulières et collectives, mais aussi d’interroger les enjeux de mémoire liés à cette période.
Catherine Atlan est historienne, maître de conférences à Aix-Marseille Université, rattachée à l’Institut des mondes africains. Dans sa thèse de doctorat, elle a étudié les élites politiques sénégalaises à l’heure de l’indépendance. Ses recherches actuelles portent sur la « génération 68 » au Sénégal.