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Patronage politique et stratification sociale dans le delta du fleuve Sénégal : Le développement hydroagricole à l’épreuve du crédit

Soutenance de thèse de Cheikh Mané
Directrice de thèse : Fabienne Samson. En codirection avec Jean Schmitz.
Le 6 décembre 2021, à 14h30, en mode hybride

Afin d’affecter le moins possible la qualité de la visioconférence nous sommes contraints de limiter l’accès au public. Les personnes souhaitant assister à la soutenance devront se rapprocher du candidat.


Jury :

 Mme Fabienne Samson (Directrice de thèse), IRD
 M. Jean Schmitz (Co-Directeur), IRD
 Mme Mame Penda Ba, Université Gaston Berger
 M. Eloi Ficquet, EHESS
 M. Cédric Jourde, Université d’Ottawa
 M. Olivier Leservoisier, Université Paris Descartes
 M. Ismaël Moya, CNRS


Résumé :

Le changement politique intervenu au Sénégal en 2012 a engagé le pays dans un tournant décisif dans la lutte contre la corruption, l’enrichissement illicite, le népotisme et le patronage politique. Au lendemain du second changement politique de 2012, le nouveau régime de l’APR (Alliance pour la République) porté par la coalition « Benno Book Yakkar » a très vite identifié la mal gouvernance comme l’obstacle majeur dans l’atteinte des objectifs de développement économique et social du pays. Dès lors, les premières mesures prises par l’État se sont orientées dans des politiques dites de « ruptures » face aux pratiques corruptives et pour la restauration des valeurs démocratiques, de transparence dans la gestion des biens publics. Malgré ces bonnes initiatives de rompre avec les pratiques anti-démocratiques, il n’en demeure pas moins que les acteurs institutionnels et non formels ont su faire preuve de réadaptation. Le terrain effectué à l’échelle d’un micro territoire démontre la vitalité et la dynamique des questions de patronage politique et de stratification sociale dont les enjeux sont liés à la bonne gouvernance locale. Les problématiques en lien aux rapports sociaux (statuts, castes) et le développement local semblent être indissociables. Cette étude aborde la question des rapports de patronage politique dans le milieu social Wolof fortement hiérarchisé et inégalitaire. Elle replace le débat sur la démocratie à l’échelle locale et les enjeux de luttes traditionnelles (lignages familiers) face aux nouvelles dynamiques conflictuelles (autochtones, allogènes). À partir d’une combinaison de l’anthropologie politique et de l’anthropologie du développement, il a été possible de révéler la complexité du jeu des acteurs et les règles de fonctionnement de l’espace politique villageois. Les individus organisés en faction, s’affrontent en utilisant diverses passerelles d’identifications et de références familiales, ethniques, de groupes de sexe, de caste pour satisfaire des intérêts stratégiques. Cette double approche est complétée par la dimension historique qui apporte une lumière sur la compréhension des faits politiques actuels. Le choix des élus locaux est le fruit d’un assemblage complexe d’héritage historique lié à l’ancien royaume du Waalo, qui permet la légitimation ou non des candidats et les capacités de drainer les rentes du développement. Les tentatives de relancer l’agriculture irriguée depuis 2012 se heurtent à la complexité des modes de gestion des organisations paysannes. Seule une poignée de nouveaux producteurs a su développer un modèle économique performant, en construisant des rapports de clientèle à partir de la parenté réelle et parfois socialement construite. Enfin, cette thèse démontre comment les dynamiques qui se produisent à l’intérieur des espaces comme la famille, la communauté, le travail, les relations de crédit (formel et informel) influencent les acteurs dans leur engagement politique.