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Hommes en armes, milice d’auto-défense et ex-combattants

« Regards croisés », séminaire de l’IMAF-Aix
Coordonné par Muriel Champy (Université d’Aix-Marseille) et Romain Tiquet (CNRS).
Voir le programme complet du séminaire.

Vendredi 25 mars 2022
14h-17h
salle Georges Duby, MMSH

 Romane Da Cuhna (Sciences Po, CERI)
« Chasser l’insécurité au village : le cas des groupes d’autodéfense Koglweogo au Burkina Faso »

Comment des citoyens « lambdas » sont-ils devenus des acteurs incontournables de la sécurité au Burkina Faso depuis la révolution de 2014 qui a chassé Blaise Compaoré du pouvoir ? Sur quoi repose leur légitimité ? J’interrogerai ainsi l’instauration d’une autorité locale, au prisme de ces acteurs du maintien de l’ordre. Entre performance « neo-traditionnelle » et mobilisation d’un registre bureaucratique, les pratiques de coercition de ces groupes seront au cœur de l’analyse.

Romane Da Cunha Dupuy est doctorante en sociologie politique comparée au CERI/Sciences Po et ATER en science politique à l’Institut d’études politiques de Lyon. Ses travaux portent sur les groupes d’autodéfense Koglweogo au Burkina Faso, et plus largement sur les mobilisations sécuritaires locales dans des contextes de lutte contre le terrorisme.

 Kamina Diallo (Sciences Po, CERI)
« Les programmes de sortie de crise en Côte d’Ivoire : des machines politiques et bureaucratiques productrices d’identités chez les ex-combattant·es ivoirien·nes »

Dans cette communication nous verrons comment les identifications et les assignations imposées par le haut dans le cadre des programmes de Désarmement, démobilisation et réintégration (DDR) des ex-combattant·es, participent à la construction de l’identité de l’ex-combattant·e en Côte d’Ivoire. Nous souhaitons en effet déconstruire les mécanismes par lesquels l’État ivoirien et les institutions internationales produisent l’identité de démobilisé·e dans le pays à travers des pratiques et des productions bureaucratiques. Dans ce cadre, nous étudierons les définitions de l’ex-combattant·e produites par les programmes de DDR mis en place par l’État ivoirien et soutenus par les bailleurs de fonds internationaux. Nous verrons aussi comment les pratiques bureaucratiques telles que les processus de catégorisation, de classification et d’identification des ex-combattant·es participent à la construction de l’identité de démobilisé·e (aussi appelé « démo »).

Kamina Diallo est doctorante au CERI/Sciences po en politique comparée. De 2017 à 2020, elle a été assistante de recherche au sein d’une équipe de recherche transnationale IHA/CREPOS basée à Dakar travaillant sur la « 
bureaucratisation des sociétés africaines ». Elle a également enseigné la politique comparée à Sciences Po Paris et plusieurs cours à l’Institut supérieur de management de Dakar (Conflits, paix et sécurité ; Histoire des idées politiques et Politique comparée). Elle a publié plusieurs articles et études portant sur les femmes dans le secteur de la sécurité en Côte d’Ivoire et sur l’impact des programmes de sortie de crise sur les ex-combattant·es, thème de sa thèse de doctorat.

Références bibliographiques
 Ismaël Compaoré et Heidi Bojsen, « Sécurité d’en bas au Burkina Faso : Koglweogo, gardiens de la brousse, gardiens de la société ? », Cahiers d’études africaines, 2020, n° 239, p. 671-697.
 Gilles Favarel-Garrigues et Laurent Gayer, « Violer la loi pour maintenir l’ordre : Le vigilantisme en débat », Politix, 2016, vol. 115, n° 3, p. 7-33.
 Laurent Fourchard, « État de littérature. Le vigilantisme contemporain. Violence et légitimité d’une activité policière bon marché », Critique internationale (Paris, 1998), 2018, vol. 78, n° 1, p. 169-186.
 Sten Hagberg, « Performing Tradition while Doing Politics : A comparative study of the dozos and koglweogos self-defense movements in Burkina Faso », African studies review, 2019, vol. 62, n° 1, p. 173-193.

 Xavier Crettiez et Pierre Piazza (éd.), Du papier à la biométrie : identifier les individus, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 2006. 331p.
 Kamina Diallo, « La Cellule 39 en Côte d’Ivoire. Processus d’identification et mobilisation d’un groupe d’ex-combattants », Afrique contemporaine, vol. 263-264, n° 3-4, 2017, p. 177-196.
 Moussa Fofana, « Des Forces nouvelles aux Forces républicaines de Côte d’Ivoire. Comment une rébellion devient républicaine », Politique africaine, vol. 122, n° 2, 2011, p. 161-178.
 Denis Martin (éd.), L’identité en jeux : pouvoirs, identifications, mobilisations, Paris, Karthala, 2010, 466p.
 Léo Montaz et Kamina Diallo, « Des “démobilisés” en quête de reconnaissance : le renouveau du combat politique des ex-combattants ivoiriens », Critique internationale, vol. 91, n° 2, 2021, p. 89-110.