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Peaux blanches, racines noires. Le tourisme chamanique de l’iboga au Gabon

Nadège Chabloz
Louvain-la-neuve, Academia, décembre 2014, 242 p.

Par quels processus historiques et culturels un rite initiatique gabonais, le bwiti, réprimé pendant la colonisation, incarne désormais une forme de « chamanisme » africain sur la scène internationale, bénéficiant d’une image enchantée et salvatrice ? Le bwiti, et surtout l’iboga, la plante psychotrope dont on ingère les racines pendant le rituel, sont aujourd’hui réinvestis par des intellectuels et le gouvernement gabonais, mais aussi par un microcosme franco-gabonais d’initiateurs et d’initiés. Ces derniers les expérimentent pour découvrir les origines de l’humanité, pour guérir de traumatismes attribués à un Occident décadent.

Ce tourisme chamanique concerne majoritairement des Français qui ne sont pas Afro-descendants et dont les recompositions religieuses et identitaires liées à l’initiation apparaissent à première vue comme un retournement des valeurs et des affects liés à la situation coloniale. Dans Peau noire, masques blancs, Frantz Fanon analysait en 1952 la névrose collective héritée de la colonisation ayant engendré un sentiment de supériorité des Blancs sur les Noirs et inversement, d’infériorité des Noirs envers les Blancs. Aujourd’hui, c’est la névrose de la société occidentale qui pousserait les initiés français à revêtir les attributs africains, les racines et les masques noirs, jugés supérieurs à l’Occident aux points de vue humain, spirituel et thérapeutique.

Anthropologue (Institut des mondes africains, École des hautes études en sciences
sociales de Paris), Nadège Chabloz travaille sur les questions du tourisme en Afrique de l’Ouest et centrale ainsi que sur les réappropriations des rites initiatiques africains. Elle est l’auteure d’articles et de films documentaires portant sur la rencontre touristique et les initiations de Français au bwiti.

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