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L’héritage colonial et la gestion des relations transfrontalières entre le Cameroun et le Gabon (1885-2010)

Soutenance de thèse de Augustine Irène Mbezele Nkoa
Directeur de thèse : Pierre Boilley, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Le 25 novembre 2022, à 14h, Sorbonne, salle Picard (Galerie Rollin, escalier C, 3è étage droite), 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris.

ATTENTION : l’accès est soumis à une inscription auprès de Irène Mbezele (irene.mbezele@yahoo.fr)


Jury :

 BOILLEY Pierre, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (Directeur de thèse)
 BERNAULT Florence, Professeure, Sciences-Po Paris Centre d’histoire
 GARY-TOUNKARA Daouda, chargé de recherche, Université Paris 1, IMAF
 NATIVEL Didier, Professeur, Université Paris, Laboratoire CESSMA
 SURUN Isabelle, Professeure, Université de Lille


Résumé :

Le découpage territorial entre le Cameroun et le Gabon apparaît comme un modèle de frontières que la colonisation aurait déterminé arbitrairement en faisant fi des réalités de la région et du consentement de la population. Cette frontière a connu un processus de délimitation singulier parmi les territoires frontaliers des pays de l’Afrique centrale. En 1911, la région du Woleu-Ntem au nord du Gabon fut basculée au Cameroun. Au moment de la Première Guerre mondiale, ce territoire fut restitué au Gabon et en 1916 le sud Cameroun fut divisé entre les Français et les Britanniques, une partie du territoire fut rattachée au Nigéria à la veille de l’indépendance. L’historicité de cet espace fait de ce territoire un observatoire privilégié pour l’étude des frontières en Afrique et amène à s’interroger sur les mécanismes qui ont précédé la délimitation de cette frontière.
La limite territoriale entre le Cameroun et le Gabon peut s’envisager comme une frontière de « paix », où se sont développés deux marchés qui servent de bases de ravitaillement pour les États de l’Afrique centrale. Cette frontière forme une dyade représentée par une ligne parallèle de 10 kilomètres de part et d’autre de la région de Campo, au sud du Cameroun, et mesure 298 kilomètres. Les deux États entretiennent des relations ambiguës fondées à la fois sur les liens socioculturels et sur les divergences politiques de l’immigration. Cette solidarité est facilitée par le groupe culturel Fang de part et d’autre de la frontière et par l’appartenance des deux États à la même Communauté sous-régionale de l’Afrique centrale. Malgré la libre circulation stipulée par la communauté et appliquée par le Cameroun, l’on observe toutefois que les autorités frontalières du Gabon imposent un protectionnisme territorial et pratiquent la restriction des entrées sur leur territoire. Cette divergence politique nourrit le jeu des pratiques illicites, renforcée par l’insuffisance des voies de communication transfrontalières. Les mécanismes d’administration des territoires frontaliers et l’utilisation de la frontière par les populations sont essentiels pour s’interroger sur l’appropriation du legs colonial et sur le concept des limites à la croisée des différentes études.

Mots-clés :
Frontières, territoires, régions frontalières, colonisation, Cameroun, Gabon.


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Summary :

The territorial division between Cameroon and Gabon appears as a model of borders that colonization would have arbitrarily determined by ignoring the realities of the region and the consent of the population. This border has undergone a singular delimitation process among the border territories of the countries of Central Africa. In 1911, the Woleu-Ntem region in northern Gabon was switched to Cameroon. At the time of the First World War, this territory was returned to Gabon and in 1916 southern Cameroon was divided between the French and the British, part of the territory was attached to Nigeria on the eve of independence. The historicity of this space makes this territory a privileged observatory for the study of borders in Africa and leads us to question the mechanisms that preceded the delimitation of this border.
The territorial boundary between Cameroon and Gabon can be seen as a border of "peace", where two markets have developed that serve as supply bases for the States of Central Africa. This border forms a dyad represented by a parallel line of 10 kilometers on either side of the Campo region, in southern Cameroon, and measures 298 kilometers. The two states have ambiguous relations based on both socio-cultural ties and political differences over immigration. This solidarity is facilitated by the Fang cultural group on both sides of the border and by the fact that the two States belong to the same Central African Subregional Community. Despite the free movement stipulated by the community and applied by Cameroon, it is observed, however, that the border authorities of Gabon impose territorial protectionism and practice the restriction of entry into their territory. This political divergence feeds the game of illegal practices, reinforced by the inadequacy of cross-border communication channels. The mechanisms of administration of border territories and the use of the border by the populations are essential to question the appropriation of the colonial legacy and the concept of limits at the crossroads of the different studies.

Keywords :
Borders, territories, border regions, colonization, Cameroon, Gabon.