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Anthropologie comparative du Sahel occidental musulman (Sénégal, Mauritanie, Mali...)

Séance du 30 novembre 2022, de 12h30 à 14h30
Campus Condorcet-Centre de colloques, salle 3.09, place du Front populaire, 93300 Aubervilliers


 Ismaël Moya
(CNRS, École polytechnique, LESC),
La politique des apparences ou la réalité du pouvoir. Conciliation, clientélisme et pluralisme politico-religieux au Sénégal

Au Sénégal, la séparation de principe entre la religion et l’État se combine aux intenses relations de fait entre religions et État que cette séparation permet, dans une société profondément religieuse et pluraliste, marquée par un haut degré de fragmentation politique et religieuse. Cette combinatoire, qui allie séparation de principe et accommodation pragmatique volontairement non-formalisée, se déploie dans un espace sociopolitique marqué par une souveraineté étatique limitée et des pouvoirs relativement faibles.

Par ailleurs, les valeurs de tolérance et de bonne entente, qui à la fois permettent et limitent les conflictualités politique et religieuse, sont une composante essentielle du jeu politique, local comme national…au même titre que le reste de la vie sociale. En effet, en raison de la valeur accordé a l’affichage de la tolérance et la bonne entente, on ne sait jamais ce qu’une personne pense ou si elle croit à ce qu’elle dit (nit dafa lëndëm « la personne est obscure ») et le statut (et la capacité d’agir) d’une personne est autant voire plus lié à ce qu’elle paraît être qu’à ce qu’elle est. A partir de mon travail ethnographique sur ces questions, j’essaierai de montrer en quoi la prise en compte de la valeur des apparences permet de jeter un regard nouveau sur le jeu politique et religieux au Sénégal et, plus fondamentalement, conduit à interroger les notions de pouvoir et de réalité.

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