Séance du 21 juin 2023, de 12h30 à 14h30
Campus Condorcet - Centre des colloques, salle 3.09, place du Front Populaire, 93300 Aubervilliers
Relations entre État et autorités religieuses au Burkina Faso : « wahhabisme », reconfiguration du modèle de laïcité
– Maud Saint-Lary (IRD - affectée à Ouagadougou / IMAF)
La laïcité burkinabè à l’épreuve du conflit armé
Pays de pluralité religieuse, le Burkina Faso a longtemps été cité comme un modèle de « religiosité tranquille » où coexistent différentes confessions (musulmane, catholique, protestante, « animiste »). Le principe de laïcité décliné dans ses réalités politiques et sociales a souvent été présenté comme exemplaire. Toutefois le contexte de « crise sécuritaire » qui sévit depuis huit ans, met la société burkinabè face à d’importants défis. Les autorités religieuses (et coutumières) sont fortement mobilisées par les pouvoirs publics qui les considèrent comme des « forces vives du pays » à même de favoriser le retour de la paix. Parallèlement dans le cœur des villes souvent marquées par le multiconfessionalisme, des crispations semblent remettre en question les acquis du vivre ensemble. Comment, dans la vie ordinaire comme dans le fonctionnement des institutions, la coexistence pacifique entre les différentes confessions religieuses est-elle à la fois remise en question et défendue ?
– Ludovic Ouhonyioué Kibora (CNRST - Ouagadougou / INSS )
La religion traditionnelle : visibilité publique marginale, présence réelle
La tradition, si souvent évoquée dans les discours, n’est pas toujours cernée et expliquée de façon claire et précise. Elle est tantôt confondue à la culture, tantôt elle est référée au passé historique glorieux de micro-états et d’autres groupes socio-culturels. Dans un tel contexte, la mise en perspective de la question religieuse est intéressante. Contrairement à certaines conceptions évolutionnistes qui stigmatisent le conservatisme de la société traditionnelle, la tradition à l’image de la culture, elle-même dynamique, n’est pas fermée. Généralement, dans les groupes socio-culturels du Burkina Faso, la tradition est le plus souvent confondue à la culture . Le mot religion ne trouve pas non plus son équivalent dans les langues du Burkina Faso. Il n’existe pas de terme approprié pour exprimer dans sa globalité ce que le concept renferme. La religion traditionnelle est aussi souvent désignée par la pratique du culte. Relevant de pratiques multiples et variées, la religion traditionnelle en contexte Burkinabè n’est pas une religion institutionnalisée. Une religion traditionnelle est par principe particulière à un groupe socio-culturel donné. De nos jours on assiste à des regroupements des religions traditionnelles sous formes associatives dans le but de renforcer leur assises et résister à « l’hégémonie » des religions dites importées (islam et christianisme surtout). Les statistiques nationales au Burkina Faso, qui donnent l’islam comme étant la première religion pratiquée suivi du catholicisme, sont souvent accompagnées par cette boutade populaire : « 100% de burkinabés pratiquent la religion traditionnelle ». Quelle place occupent donc la religion traditionnelle de nos jours dans l’univers social des burkinabè ? Comment les populations développement-elles leur rapport à ces religions au quotidien ?