Rencontre-débat organisée par Laura Guérin, chercheuse postdoctorante à l’IMAF.

Suite à plusieurs évènements au foyer Boulogne organisés au sein du projet de recherche ReROOT, comme les portes ouvertes du 8 octobre 2022, cette rencontre débat autour du livre de Camille François (résumé ci-dessous) publié en janvier 2023 a pour objectif de faire dialoguer habitants du foyer, universitaires, voisins et militants autour de l’enjeu des expulsions locatives. En effet, 118 habitants du foyer sont menacés d’expulsion ayant perdu au tribunal un procès et son appel contre leur structure gestionnaire. Cette dernière, Adoma, demande le remboursement d’une dette locative pourtant contractée, en 2018, auprès d’un autre gestionnaire et acquise par Adoma pour un euro symbolique. Dans le contexte de rénovation des foyers en résidences sociales, ces expulsions prennent la forme d’une politique de dépeuplement que nous souhaitons réinterroger grâce au travail de Camille François.
Retrouver l’histoire du foyer depuis les années 1960 sur ce site.
Camille François, De gré et de force. Comment l’État expulse les pauvres, La Découverte, 2022, 240p.
Résumé de l’ouvrage
Les expulsions locatives jettent chaque année en France des milliers de familles pauvres à la rue, dans une indifférence quasi générale. Pourtant, ces procédures sont au cœur de l’accroissement de la pauvreté et des inégalités sociales. Et leur nombre a augmenté au cours des vingt dernières années.
À partir d’une longue enquête de terrain, ce livre s’intéresse aux institutions et aux " petites mains " chargées de réaliser les expulsions. Il décrit la manière dont la violence légitime de l’État s’exerce sur les familles menacées de délogement, en retraçant les différentes étapes auxquelles elles sont confrontées : les services de recouvrement où les employés des bailleurs essaient de leur faire rembourser leur dette, les tribunaux où les juges prennent les décisions d’expulsion, les services de préfecture et de police chargés d’utiliser la force publique pour les déloger de leur domicile. En expliquant pourquoi certaines familles sont plus souvent expulsées que d’autres et comment les agents de l’État les contraignent, à la fois de gré et de force, à quitter leur logement, il met ainsi en lumière une violence légitime moins visible que la répression des manifestations ou que des interpellations policières, mais tout aussi efficace dans le maintien de l’ordre social.
Loin d’être une fatalité, ces expulsions locatives constituent une réalité éminemment politique, qui interroge la place du capital immobilier et de l’État dans la précarisation des classes populaires aujourd’hui. Une réalité contre laquelle il est possible d’agir.