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Pour une anthropologie critique des religions et du genre en Afrique : doctrines, discours et pratiques

Séance du 4 mars 2015, 15h à 17h
Site Raspail / IMAF, salle de réunion, 2e étage, 96 bd Raspail 75006 Paris

 Guibléhon Bony, Université Alassane Ouattara, Bouaké, Côte d’Ivoire
La production des discours et les pratiques religieuses liées au genre dans la société des hommes-panthères chez les Wè en Côte d’Ivoire

Résumé :
A la différence des autres sociétés de masques (koui et glae), la fraternité des hommes-panthère est exclusivement masculine. Les femmes sont tenues à l’écart et exclues de l’espace initiatique. Pourtant, les différentes facettes institutionnelles et expressives de cette fraternité sont sous-tendues par une idéologie unificatrice : la séduction des femmes – et une extraordinaire dynamique de production des discours sur les femmes. N’est-ce pas une affaire de femme qui a été à l’origine de la création de cette fraternité ? En outre, à la sortie des rites d’initiation, les novices organisent une reproduction désorganisée en consacrant une année entière à une sexualité débridée ou séduction autorisée, à savoir que les nouveaux initiés peuvent commettre « impunément » l’adultère sans envisager de mariage. A la fin de cette période d’un an, comme si la « panthère » était bien diffusée dans la vie sociale, les nouve aux initiés cessent leur butinage sexuel et assument les ambitions des hommes ordinaires. Désormais, leurs compétences sexuelles sont au service de la vengeance de l’adultère et de la protection des maris trompés.
A partir de cette réflexion, la présentation interrogera l’institution des hommes-panthères dans ses rapports au genre : ses enseignements et
acquisitions de savoirs religieux, l’accès des femmes aux rites initiatiques, les discours sur les femmes. Pourquoi l’idée de la séduction est-elle si prégnante et quelle en est la signification chez les hommes-panthère ? Comment s’organise le processus de séduction des femmes ? Quels sont les rapports de domination que cela induit et plus largement sur les rapports homme-femme dans la société wè ?
L’ambition n’est pas tant de proposer un cadre théorique achevé que de fixer quelques repères pour une éventuelle étude comparative proprement anthropologique des phénomènes de séduction dans des sociétés initiatiques en Afrique.

 Agnieska Kedzierska-Manzon, Centre d’Anthropologie Sociale du LISST, Université de Toulouse Jean Jaurès
Les liaisons dangereuses : la chasse, le genre et la religion en pays mandé

Résumé :
Dans l’aire mandingue (Mali, Côte d’Ivoire, Guinée), les chasseurs jouissent d’un grand prestige. Considérés comme spécialistes en matière des pratiques religieuses dites traditionnelles, ils forment une société initiatique à laquelle tout homme peut accéder. Les femmes n’y sont pas admises et ne chassent point. Cela ne surprend guère : dans l’écrasante majorité des sociétés, la chasse demeure une activité masculine. Deux sortes de propositions théoriques – naturaliste et culturaliste – ont été avancées pour expliquer cet état de faits. Ma communication consistera en un retour critique sur ces propositions avant de suggérer une interprétation alternative de l’exclusion de la femme de la sphère cynégétique, élaborée à partir de mes enquêtes de terrain et mettant l’accès sur la différence du processus de la subjectivation féminine et masculine et des modèles relationnels qui le soutiennent.

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