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Numéro spécial des Cahiers d’Outre-Mer

Appel à communications : numéro spécial des Cahiers d’Outre-Mer

CENTRAFRIQUE/AFRIQUE CENTRALE : RESSOURCES ET CONFLITS ARMES

Depuis les années 1990, la pénurie ou l’abondance des ressources est régulièrement présentée comme le principal motif des conflits à travers le monde. Les crises environnementales, les retombées du changement climatique et l’accroissement démographique alimentent les théories néo-malthusiennes interprétant les conflits comme la conséquence du trop-plein d’hommes et de la pénurie des ressources. Pour d’autres auteurs, dans la lignée de la théorie de la « malédiction des ressources naturelles », c’est l’abondance des ressources, combinée à la cupidité généralisée des groupes armés, qui favorise l’apparition et la longue durée des conflits.

Ce numéro des Cahiers d’Outre-Mer interroge les impacts réciproques entre les ressources et les conflits armés en Centrafrique d’un point de vue politique. Ni les ressources, ni leur plus ou moins grande disponibilité ne constituent à elles seules des conditions suffisantes pour expliquer le déclenchement ou la prolongation des conflits. En tant qu’enjeux de relations de pouvoirs, les ressources, matières physiques mises en valeur par des acteurs, constituent une dimension des conflits armés, des antagonismes entre groupes sociaux utilisant des armes pour tenter de prévaloir les uns sur les autres.

Le terme de ressources doit être considéré au sens large, renvoyant à des matières naturelles mises en valeur par les hommes (terre, bois, agriculture, élevage, eau, minerai, hydrocarbure), aux biens publics et privés, aux capitaux internationaux (investissement, aides au développement et humanitaire), voire aux personnes elles-mêmes (comme force de travail, objet marital, etc.) ou à des dimensions symboliques (patrimoine, protection de la nature, etc.). Les auteurs peuvent aborder différentes formes de violences plus ou moins périphériques aux conflits (banditisme, razzias, etc.) et étendre leur analyse à l’avant et l’après-conflit. Si l’espace central d’étude est la Centrafrique, les analyses multi-scalaires et les contributions sur des dynamiques locales, régionales ou macro-régionales sont les bienvenues.

Ce numéro vise à identifier les impacts réciproques entre conflits et ressources en Centrafrique selon trois pistes de réflexion possibles :

 Les ressources et la trajectoire des organisations politiques. L’extorsion des ressources par les groupes armés est-elle la conséquence de la faiblesse des organisations politiques (insuffisance de protection de la population, violence comme moyen de prélèvement en l’absence d’appareil de coercition) ? Ou bien l’extorsion par la violence est-elle un mode de gouvernement, à analyser en continuité du détournement des rentes, notamment étatiques, à des fins d’enrichissements personnels et clientélistes ? Des contributions pourront notamment se pencher sur l’impact des conflits sur la gestion des ressources dans les organisations politiques de divers niveaux (État, organisation de producteurs, groupe armé, pouvoir dit coutumier, etc.).

 Les usages des ressources et les conflits. Comment les conflits pour le contrôle et les usages des ressources du sol et du sous-sol, courants en période de paix et souvent locaux, s’articulent-ils avec des antagonismes armés de plus grande ampleur entre rébellions et pouvoir central ? En quoi les ressources dites pour la paix (aides humanitaire et « post-conflit », DDR, etc.) servent-elles à résoudre les conflits ou alimentent-elles inversement la prolongation des antagonismes armés ? En quoi la répartition des ressources (concentrée/diffuse), leur nature ancrée/mobile et leurs usages influencent-ils la nature des groupes armés et la forme géographique des violences ?

 Les recompositions des ressources dans les conflits. Quelles sont les recompositions engendrées par les conflits sur les espaces de production, transformation, circulation, conservation, consommation des ressources ? Comment les acteurs s’adaptent-ils à ces recompositions dans leurs pratiques ? En quoi ces recompositions influencent-elles les appropriations, les délimitations et les représentations des espaces politiques ?

Date limite de soumission : 15 décembre 2015
Ne pas dépasser 45 000 signes tout compris
L’article inclut votre nom, votre institution de rattachement, vos adresses postale et électronique
Format de l’objet du courriel : COM, date (mois+jour), votre nom (en majuscule), le titre de l’article
Envoyé en .doc ou .docx
Toutes les propositions sont soumises en pièce-jointe d’un courriel envoyé à : cahiers.outremer.centrafrique@gmail.com (Emmanuel Chauvin, Benoît Lallau, Géraud Magrin)

 Emmanuel Chauvin, géographe (Docteur, ATER), Université d’Orléans, UMR PRODIG
 Benoît Lallau, économiste (Maître de conférences HDR), Université de Lille 1, UMR CLERSE
 Géraud Magrin, géographe (Professeur des Universités), Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UMR PRODIG

Call for proposals : Special Issue of Cahiers d’Outre-Mer