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Universalisation, spiritualisation et patrimonialisation du soufisme

Séance du 30 janvier 2020, de 17h à 20h
Campus Condorcet, salle 0.031, bâtiment Recherche Sud, Cours des Humanités, 93300 Aubervilliers

 Faouzi Skali (fondateur des festivals de la culture soufie et des musiques sacrées de Fès), "Qu’est-ce que la culture soufie ?"
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 Abd el Hafid Benchouk (directeur de la maison soufie de Saint-Ouen, Muqaddam Naqshbandi), "Faire connaître la culture soufie au plus grand nombre, y compris aux non musulmans"


Résumé :

Faouzi Skali et Abd el Hafid Benchouk commenceront leur intervention par expliquer comment et pourquoi ils ont créé, respectivement, le festival de la culture soufie à Fès au Maroc, et la Maison soufie à Saint-Ouen en France. La création de tels lieux et événements vise à faire découvrir le soufisme aussi bien aux musulmans qu’aux non musulmans et implique un questionnement autour de la définition de ce qu’est la "culture soufie" : la réflexion préalable à cette question est d’associer la tradition spirituelle du soufisme à la production d’une culture spécifique, propre à cette tradition, depuis plusieurs siècles et en différents lieux géographiques. Le fait d’aborder le soufisme selon cette perspective permet d’apprécier l’ensemble de ses héritages historiques et culturels comme de véritables richesses patrimoniales. Le processus de "patrimonialisation" et même d’"universalisation" dont fait l’objet le soufisme à l’heure actuelle, qui correspond à la constitution historique de patrimoines concrets du soufisme dans le temps et l’espace à travers différentes colorations culturelles et au-delà des espaces classiques de la civilisation islamique, pose un certain nombre de questions. Cette nouvelle manière d’aborder la culture du soufisme est-elle le résultat d’une influence de l’Occident et du développement en son sein de nouvelles approches et méthodologies en sciences humaines et plus particulièrement en anthropologie ? Est-elle aussi le résultat d’une volonté de faire valoir, en partage, un héritage culturel d’une grande richesse et valeur à un moment où l’Islam est réduit par plusieurs de ses propres courants à une dimension idéologique et a-historique ? Annonce-t-elle le moment où peuvent se fédérer les différentes initiatives universitaires et confrériques pour rendre compte de la richesse de la culture vivante et historique du soufisme en tant que patrimoine non seulement des musulmans, mais aussi universel ?
Quelles sont les réactions et les objections que l’on peut attendre d’une telle démarche aussi bien de musulmans que d’autres, qui peuvent considérer qu’il ne s’agit là ni plus ni moins que d’un cheval de Troie du soufisme, voire de l’islam lui-même ?
Faire connaître au plus grand nombre une telle culture ne peut-il pas cependant contribuer à diffuser un humanisme issu du monde de l’islam, compatible avec d’autres références et cultures, humanisme qui pourrait aider à l’acceptation des diversités des convictions et des croyances et apporter des réponses à la déculturation des minorités musulmanes en Occident qui rend celles-ci particulièrement captives d’idéologies identitaires et extrémistes ?

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