Cycle « Le temps des esprits. Ce que la sorcellerie fait à l’histoire (et vice-versa) »
Jeudi 21 avril 2022
Salle 21, 10h à 12h (AM Paris)
FMSH, 54 bd Raspail, 75006 Paris
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https://cnrs.zoom.us/j/92906180316?pwd=eFFLR1dUeWpkaVU1emJkSW93K2xDdz09
ID de réunion : 929 0618 0316
Code secret : Niu5A1
– 3e conférence de Andrea Ceriana Mayneri, CNRS – Institut des mondes africains
Nous nous efforçons de penser l’opiniâtre présence de la sorcellerie dans la vie quotidienne en Afrique centrale contemporaine comme un élément d’une herméneutique locale du passé récent. Il y a peu de moments dans lesquels ce lien entre la sorcellerie d’une part, le rapport au passé de l’autre, apparaît riche et complexe comme dans les vagues iconoclastes et les autodafés dans lesquels des symboles rattachés aux « traditions » sont ostensiblement détruits. Cette troisième conférence traitera de l’un de ces moments. À la moitié des années 1960, lorsque le pays est devenu depuis peu une République centrafricaine, une figure de « prophète » local guérit d’une longue maladie, entame une pérégrination d’un village à l’autre, prône la destruction des « fétiches » et remet à ceux qui le suivent une croix taillée dans le bois. Dans l’espace de quelques mois, il porte un coup décisif aux cultes anciens, contre lesquels les missionnaires luttaient depuis des décennies. Nous allons situer cet épisode dans une histoire plus longue, dans l’espace centrafricain et sur le continent plus largement. Cette mise en perspective éclaire la manière dont le geste des années 1960 a pu réactiver, tout en proclamant de s’y opposer, des schémas d’action et de réforme de la société plus anciens et qui perdurent actuellement. En commentant des travaux récents (R. Sarró ; Z. S. Strother) nous nous interrogerons sur la place de l’iconoclasme dans l’histoire centrafricaine : la contestation et la subversion des liens anciens, promues dans ces régions équatoriales depuis, parfois, des siècles avec l’excitation qu’exige la réforme de la société, ont joué un rôle déterminant dans l’expérience du temps passé que, à travers ces conférences, nous sommes en train d’interroger.