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Les corps au travail dans les industries de transport (1900-1970)

Appel à communications

Les installations coloniales en Afrique s’accompagnent de la mise en place de dispositifs nécessaires aux circulations, entre les métropoles et les territoires dominés mais aussi à l’intérieur des territoires. Des moyens industriels de transport (maritimes, ferroviaires et routiers) sont progressivement créés, remplaçant les pratiques de portage de la conquête et des premiers temps de la colonisation. Ce sont souvent les premières entreprises industrielles des territoires dominés, et elles restent parmi les plus importantes. Les compagnies ferroviaires ou de navigation maritime sont ainsi des lieux d’imposition, mais aussi de transmission, de savoirs-faire et de pratiques industrielles. Le transport routier, quoi que plus artisanal, participe aussi à ces transferts (conducteurs, mécaniciens…).
Ces industries embauchent des travailleurs issus des sociétés locales, qui deviennent des professionnels de la circulation sur de plus ou moins longues distances. Ces ouvriers sont alors enserrés dans une organisation du travail et du temps qui s’impose aux corps. Ils sont employés dans des conditions qui les rapprochent des travailleurs des entreprises industrielles en Europe. Mal équipés, ils sont engagés dans des tâches pénibles et dangereuses (chauffage, portage, travaux de force…) qui contraignent et abîment les corps. Ces dégâts se constatent en particulier à l’occasion des accidents et des maladies, des punitions et des licenciements.
Les travailleurs sont aussi soumis à des rythmes dictés par l’organisation industrielle du travail, imposés par une discipline rigide et bureaucratisée. S’y ajoutent des pratiques discriminatoires liées à la situation coloniale assignant les Africains à certaines tâches et limitant leur évolution professionnelle. Au cours du XXe siècle, des législations plus protectrices sont instaurées, des contestations surviennent et des syndicats apparaissent, mais leurs conséquences sur les réalités du travail se diffusent lentement.
Cet atelier souhaite accueillir des communications qui étudient l’impact des méthodes et pratiques industrielles dans les entreprises coloniales de transport sur les corps des travailleurs de la circulation.

Contact : simon.iv@laposte.net
Date limite : 18 mars 2022


Quelques éléments de bibliographie :

 Gary-Tounkara (Daouda), « De Dakar à New York. Récits de marins de l’Afrique francophone à la “découverte” de l’Amérique au tournant des années 1920 », Cahiers d’études africaines, n° 213-214, 2014, p. 155-180
 Jolly (Laurent), « Pratiques d’embauche en situation coloniale : les Messageries Maritimes du golfe d’Aden (1862-1940) », Le mouvement social, n° 273, 2020, p. 111-127
 Jolly (Laurent), « Race, nationalité et travail maritime en Côte française des Somalis (1896-1952) », Outre-Mers, n° 410-411, 2021, p. 205-227
 Killion (Tom C.), « Railroad workers and the Ethiopian Imperial state : the politics of Workers’ organization on the Franco-Ethiopian Railroad, 1919-1959 », The International Journal of African Historical Studies, vol. 25, n° 3, 1992, p. 583-605
 Mollion (Pierre), « Le portage en Oubangui-Chari, 1890-1930 », Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 33, n° 4, 1986, p. 542-568
 Sautter (Gilles), « Notes sur la construction du chemin de fer Congo-Océan (1921-1934) », Cahiers d’études africaines, vol. 7, n° 26, 1967, p. 219-299
 Suret-Canale (Jean), « The French West African Railway Workers’ Strike, 1947-1948 », in Peter Gutkind, Ronald Cohen and Jean Copans, African Labor History, London, 1978
 Arnal (Thierry), Corine Maitte, Thierry Pillon et Didier Terrier (éd.), « Le corps au travail. Performance, discipline, fatigue », New Digital Frontiers, 2021, en ligne <unipapress.com/book/le-corps-au-tra...>
 Jacquot (Lionel) et Ingrid Volery (éd.), dossier « Corps au travail, corps travaillés », Nouvelle revue du travail, n° 14, 2019, en ligne <journals.openedition.org/nrt/3718>

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