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Radio et télévision dans les Afriques : anciens objets, nouvelles approches

Séminaire organisé par Aïssatou Mbodj-Pouye (référente), chargée de recherche, CNRS (IMAF) ; Florence Brisset-Foucault, maîtresse de conférences, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (IMAF)


Année universitaire :
2020 / 2021
Périodicité : Le lundi, de 11h à 13h, excepté le 8 mars de 9h à 11h
Localisation : Campus Condorcet, Centre de colloques, place du Front Populaire, 93300 Aubervilliers
Calendrier :
Lundi 12 octobre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
Lundi 9 novembre 2020, 11:00-13:00, visioconférence
Lundi 14 décembre 2020, 11:00-13:00, salle 3.08
Lundi 11 janvier 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
Lundi 8 février 2021, 11:00-13:00, salle 3.06
Lundi 8 mars 2021, 11:00-13:00, visioconférence
Lundi 12 avril 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
Lundi 10 mai 2021, 11:00-13:00, salle 3.08
Lundi 14 juin 2021, 11:00-13:00, SÉANCE ANNULÉE


Attention !
En raison de la situation sanitaire, vous ne pourrez pas accéder à ce séminaire sans avoir préalablement déposé une demande via le lien suivant (une demande est nécessaire pour chaque séminaire auquel vous souhaitez participer, merci de déposer la demande au plus tard 72 heures avant le début de la première séance) : http://listsem.ehess.fr/courses/361/requests/new


Présentation :

À l’ère digitale, radio et télévision continuent à jouer des rôles clefs dans les dynamiques culturelles, sociales et politiques des sociétés africaines, rurales et urbaines. Au-delà de la circulation de l’information, le recours à ces media a façonné les subjectivités politiques et constitué un espace unique d’expression individuelle et collective sur plusieurs générations.

Loin d’être démodée, l’étude de ces médias est plus que jamais d’actualité : d’une part pour recueillir des traces matérielles et discursives de l’histoire récente des sociétés africaines, et d’autre part pour comprendre des situations présentes caractérisées par l’existence de différentes strates médiatiques, dans des pratiques qui combinent souvent « anciens » et « nouveaux » médias.

En outre, elle bénéficie ces dernières années d’un renouvellement épistémologique majeur. Les médias africains ont longtemps été approchés sous un registre normatif : on déplore souvent leur « manque de professionnalisme », leur influence dans « l’exacerbation des identités ethniques » ou on célèbre au contraire leur rôle dans le « développement » et la « pacification » sans pour autant en réaliser une anthropologie ou une sociologie historique qui permettent de révéler de quelles dynamiques économiques, sociales, politiques et culturelles ils sont le révélateur, voire le catalyseur. À rebours de cette tendance, ce séminaire entend donner la part belle à des travaux permettant de rendre justice à la richesse et à la complexité des productions médiatiques qui se déploient et se sont déployées sur le continent.

Ce séminaire vise à dresser un état des lieux des travaux récents et en cours sur les médias audio-visuels, dans une approche pluridisciplinaire qui réunit anthropologie, science politique, sociologie, histoire et histoire des sciences. Nous sommes particulièrement intéressées par les thématiques suivantes : les dimensions genrées de la production médiatique ; la question de langues et la stabilisation de genres vernaculaires ; le rapport à l’État, à l’exercice du pouvoir, aux idéologies variées du développement ; l’insertion dans les réseaux transnationaux d’aide, d’advocacy mais aussi dans le capitalisme mondialisé de la culture et de la technologie. Nous serons attentives aux questions de méthodes et de réflexivité sur l’enquête : ainsi nous traiterons de question du recours aux archives, dans des fonds publics et privés, et de leurs usages dans l’enquête, et nous inciterons les intervenant.e.s à la présentation de leurs démarches, pour réfléchir notamment à la manière d’associer analyses de l’image et/ou du son aux outils plus classiques de nos disciplines (ethnographie, recherche en archives, analyses textuelles).

Les séances alterneront entre lectures et présentations de travaux en cours, par des collègues basé·e·s en France et à l’étranger.


CONTACT :
aissatou.mbodj-pouye@cnrs.fr, Florence.Brisset-Foucault@univ-paris1.fr


PROGRAMME :

 Lundi 12 octobre 2020, salle 3.08 (centre des colloques) : Introduction par Florence Brisset-Foucault et Aïssatou Mbodj-Pouye

 Lundi 9 novembre 2020, visioconférence :
Charlotte Grabli, historienne, CIRESC, « Pauline Lisanga : la première voix du Congo moderne ? ».
Dès sa création en 1949, la radio coloniale conçue pour les auditeurs congolais « Radio Congo belge pour Africains » (RCBA) engagea une speakerine pour présenter ses programmes. Repérée sur les planches d’un théâtre de Léopoldville (aujourd’hui Kinshasa) pour sa parfaite maîtrise du français, Pauline Lisanga devint rapidement une icône médiatique associée à la nouvelle modernité sonore du Congo. Entretenant un lien étroit avec la scène de la « musique moderne congolaise » (ou « rumba congolaise »), Lisanga se distinguait par ailleurs comme l’une des rares chanteuses de l’époque, connue pour ses collaborations avec l’African jazz de Joseph Kabasele, l’un des orchestres phares de Léopoldville. Son parcours nous permettra d’éclairer la production de nouvelles formes de respectabilité féminine, à la fois associées à la modernité des ondes et distantes de l’urbanité musicale fondée sur la fréquentation des bars et des associations féminines qui œuvraient dans le domaine de la mode et de la danse. En croisant des sources de l’époque et des interviews plus récentes avec Pauline Lisanga et d’autres figures des années 1950, on tâchera de retracer sa carrière et de montrer comment la féminisation des ondes transformait la subjectivité des auditeurs à l’ère de la décolonisation. On examinera ainsi comment les femmes dites « libres » (catégorie coloniale) investirent la radiodiffusion et plus largement le monde musical pour façonner les formes de leur indépendance en ville et leur rôle dans l’invention du Congo moderne.

 Lundi 14 décembre 2020, salle 3.08 :
Flora Losch, sociologue, EHESS, « Préserver les archives de la radiotélédiffusion publique à l’ère numérique : histoires et technologies circulatoires, tournant numérique, et le retour du passé en Afrique de l’Ouest »
Depuis les années 2000, les archives de la radiotélédiffusion sont numérisées en Afrique de l’Ouest. Cette migration numérique, présentée à la fois comme solution au problème de leur dégradation et comme étape nécessaire pour les emmener dans le nouveau siècle, pose des défis considérables. Cette communication, tout en soulignant la valeur historiographique de ces archives en tant que sources et traces du passé, s’attachera à montrer que ces processus, qui participent également de l’après-vie de ces objets techniques, sont liés à une histoire longue et circulatoire de coopération en matière de radiotélédiffusion. Situés à la jonction du passé, du présent et du futur, ils donnent également l’opportunité de remettre en question certaines lignes de fractures géopolitiques, notamment celles de la mémoire et du savoir.

 Lundi 11 janvier 2021, salle 3.08 :
Alessandro Jedlowski, anthropologue, Sciences po Bordeaux, « Soft power, hard currency : L’expansion des médias chinois au Nigéria et en Côte d’Ivoire »
Sur la base des résultats d’un projet de recherche en cours sur les activités de la société de médias chinoise StarTimes au Nigéria et en Côte d’Ivoire, cette contribution analyse la dimension fluide et fragmentaire des engagements entre les médias chinois et les publics africains, tout en soulignant également les dynamiques de pouvoir qui les sous-tendent. En se concentrant sur une variété de sources ethnographiques différentes, cette intervention propose une approche de l’étude de l’expansion des médias chinois en Afrique capable de prendre en compte, simultanément, les facteurs macro-politiques et macro-économiques qui conditionnent la nature des interactions médiatiques Chine-Afrique, les intentions politiques qui les sous-tendent (comme, par exemple, les politiques chinoises de soft power et leur traduction en des contenus médiatiques spécifiques), et la micro dimension des « pratiques » et des « usages » des médias faits par les acteurs (producteurs et consommateurs de médias) sur le terrain.

 Lundi 8 février 2021, salle 3.06 : Francis Fogue Kuate, historien, Université de Buéa (Cameroun), « Radio, politique et religion au Nord-Cameroun postcolonial »

 Lundi 8 mars 2021, salle à définir [NB hors Centre des colloques], Katrien Pype, anthropologue, KU Leuven (Belgique), « On Interference and Hotspots. Ethnographic Explorations of Rural-Urban Connectivity in and around Kinshasa’s Phonie Cabins »

 Lundi 12 avril 2021, salle 3.08 : Marissa Moorman, historienne, Indiana University Bloomington (Etats-Unis), « Radio and State Power in Angola »

 Lundi 14 juin 2021, SÉANCE ANNULÉE


Un descriptif complet du séminaire, le résumé des présentation et des informations supplémentaires sont disponibles ICI.

Néobab EHESS