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Afriques anciennes

Séminaire de l’IMAF-Aix, « Anthropologie et histoire : dialogues et confrontations ».

La séance est annulée en raison des mesures gouvernementales.

Jeudi 19 mars 2020, de 14h à 17h
salle Paul-Albert Février
Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH)
Jas-de-Bouffan à Aix-en-Provence

 Amélie Chekroun (CNRS, Iremam), « Entre Arabie et Éthiopie chrétienne : la dynastie des Walasma’ des sultanats d’Ifat et du Barr Sa’d al-Dîn (XIVe-XVIe siècles) »
En 811 H. / 1408-1409, le sultan walasma‘ Sa‘d al-Dīn est assassiné par les troupes du roi chrétien d’Éthiopie à Zayla‘, sur les rives de la mer Rouge. Cet évènement charnière de l’histoire de la dynastie des Walasma‘ marque la fin du sultanat d’Ifāt sur lequel ces derniers règnent depuis la fin du XIIIe siècle. Les fils de Sa‘d al-Dīn trouvent refuge à la cour du sultan rasūlide du Yémen avant de retourner dans la Corne de l’Afrique pour fonder un nouveau sultanat, le Barr Sa‘d al-Dīn, tout en continuant à s’opposer au pouvoir chrétien. L’étude de ces évènements s’appuie sur une documentation endogène éthiopienne en arabe et en ge’ez (dont le Ta’rīḫ ‘Umar Walasma‘ et les chroniques royales chrétiennes), ainsi que sur des documents exogènes du Yémen et d’Égypte tels que le Kitāb al-Ilmām de al-Maqrīzī et les archives yéménites (dictionnaires biographiques et annales​). Cet évènement permet d’aborder plus généralement la place des communautés musulmanes dans la Corne de l’Afrique et plus particulièrement de la dynastie des sultans walasma‘ qui les domine au cours des trois derniers siècles de l’époque médiévale. Cela permet également de repenser la place de l’islam dans cette région du monde et de ses relations avec d’une part le puissant royaume chrétien qui domine le haut plateau central d’Éthiopie et d’autre part le reste du monde islamique, notamment le Yémen rasūlide et l’Égypte mamelouke.

 Adam Jones (Université de Leipzig), « Les sources “européennes” de l’historiographie de l’Afrique sub-saharienne, 1450-1950 : la marche à suivre »
L’historiographie de l’Afrique est marquée depuis ses débuts, il y a plus de soixante-dix ans, par une posture hypocrite : l’insistance mise sur la primauté des sources « africaines » et la critique récurrente d’un emploi immodéré des sources « colonialistes », alors que les sources dites européennes sont indispensables, au moins pour comprendre les grands courants du passé africain avant l’indépendance. L’Histoire générale de l’Afrique, dont l’UNESCO vient de faire paraître le onzième tome, est un bon exemple de cette contradiction.
Parmi les textes écrits ou reproduits par des Européens on peut trouver de nombreuses « voix » africaines, avec des lettres écrites par des Africains en particulier aux voyageurs européens, des chroniques en ajami ou même des réécritures de « traditions orales ».
Cette présentation tentera de distinguer différents genres de sources européennes en lien avec l’histoire africaine – y compris quelques-unes négligées jusqu’à récemment. Il s’agit surtout de sources écrites, mais aussi de cartes et dessins. Je soulignerai l’importance de la conservation - soit par des méthodes de protection conventionnelles, soit par la numérisation - de ces sources, dont plusieurs se trouvent en dehors des bibliothèques ou archives officielles et restent encore à découvrir.
J’examinerai les problèmes posés aux historiens de l’Afrique par la Quellenkritik, mot allemand qui signifie à peu près « critique des sources ». Finalement, j’évoquerai l’importance des éditions critiques, qui restent encore insuffisantes dans ce champ. Qu’est-ce qui constitue une édition utilisable, et comment ces éditions peuvent éclairer le passé africain sans y surimposer une compréhension eurocentrée ?

Voir le programme général du séminaire.