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Histoire sociale de l’Afrique Orientale, de la Mer Rouge et de l’Océan indien, XIXe-XXe siècles

Séance du 3 février 2017, 14h à 17h
IMAF / EHESS, salle de réunion, 2e étage, 96 bd Raspail, 75006 Paris

 Elara Bertho, THALIM-Paris 3-Sorbonne Nouvelle, (elara.bertho@gmail.com)
Mises en scène et usages des archives en littérature. Autour de la Chimurenga (Zimbabwe)

La confrontation de documents d’archives et d’œuvres littéraires permettra d’analyser les différents types de réutilisations de la production documentaire coloniale en littérature, et les modalités de leurs récritures. Nous montrerons comment la première Chimurenga (1894-1897), dans l’actuel Zimbabwe, devient un motif littéraire majeur au moment de la seconde Chimurenga (1966-1979) et reste une source d’inspiration importante après l’indépendance. L’articulation entre l’archive et la fiction (à travers un parcours des œuvres d’Yvonne Vera, Stanlake Samkange, Solomon Mutswairo, Chenjerai Hove) rend compte de processus mémoriels complexes, interrogeant les mécanismes d’écritures de l’histoire coloniale et des potentialités subversives du fait littéraire.

 Dominique Ranaivoson , maître de conférences HDR, Université de Lorraine
(ranaivoson-hecht@wanado.fr)
L’archive aux mains des écrivains : l’exemple du malgache Raharimanana et l’insurrection de 1947

Si l’historien fonde son travail sur des archives, qui, en tant que sources, sont respectées voire sacralisées, il est aussi en demeure de les contextualiser avant de les agencer selon un schéma narratif qu’il construit. Ces mêmes archives, entre les mains d’écrivains, d’artistes, qui ont d’autres méthodes pour d’autres objectifs, deviennent une matière à partir de laquelle se développe une création qui n’obéit plus aux contraintes des historiens. Cependant, la mention, voire la représentation de ces archives, quand elles apportent une caution scientifique à des œuvres poétiques, modifient de manière ambivalente la réception des œuvres littéraires.
Raharimanana est malgache ; il vit en France où il a écrit une série d’œuvres sur l’insurrection de 1947 en explorant diverses formes littéraires, toutes hybrides : roman (Nour, 1947, 2001), témoignage assorti de photos d’archives (Madagascar, 1947, 2007), commentaires de portraits d’anciens combattants (Portraits d’insurgés, 2011), pièces de théâtre (Rano, rano, 2015). Chaque fois, il utilise des archives mais les reprend, les associe à d’autres récits, les intègre à une réflexion plus générale et personnelle puis revendique dans des entretiens tantôt faire œuvre d’historien parce que « rien n’existe », tantôt s’approprier de manière libre des références communes.
Nous nous proposons de présenter, en analysant ces méthodes, ces diverses publications afin de mettre en évidence ce qui relève de la stratégie, de la poétisation, de la falsification. Nous tenterons de comprendre les réceptions diverses (selon les pays et les milieux, les littéraires et les historiens) dont il bénéficie avant, en conclusion, d’ouvrir le débat sur les liens toujours complexes entre l’histoire et la littérature.

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