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Corisco y el estuario del Muni (1470-1931)

Gustau Nerin, Corisco y el estuario del Muni (1470-1931)
Del aislamiento a la globalización y de la globalización a la marginación
, L’Harmattan, collection Guinée équatoriale, 1er février 2015, 314 p.

Gustau Nerin (1968) est un anthropologue, spécialiste de l’histoire coloniale espagnole. Il a travaillé durant un long moment en Guinée équatoriale : comme consultant de coopération, comme libraire et comme professeur. Il est l’auteur de différents livres, dont : Guinea Ecuatorial, historia en blanco y negro ; Un guardia civil en la selva ; L’antropòleg a l’olla ; La última selva de España et Blanco bueno busca negro pobre. Il est actuellement professeur d’histoire de l’Afrique à l’université de Foz do Iguaçú (Brésil).

Corisco dans la littérature de voyages, est définie comme « une île de rêve », « une île paradisiaque » ou encore « l’île de l’amour ». On trouve de nombreuses mentions concernant ses plages de sable blanc et fin, la beauté de ces paysages, la transparence de ses eaux, l’abondance de sa pêche et la dégustation de la fine chair de ses tortues, ainsi que les torrides aventures vécues auprès de belles mulâtres.
Mais l’histoire de cette petite île africaine qui appartient aujourd’hui à la Guinée Equatoriale, est beaucoup plus que l’histoire de quelques belles palmeraies et de quelques ilylles passionnées. Pendant quelques temps, Corisco fut une pièce clef de la traite atlantique, en hébergeant des barraquements dédiés à l’esclavage. Plus précisément, Corisco et l’estuaire du Muni furent consacrés au commerce de l’ivoire, du caoutchouc, de l’eben et de l’okume. En ces temps-là, les Bengas de Corisco et d’autres populations de la zone avaient trouvé le moyen de développer d’étroits contacts avec l’Europe et l’Amérique (ce qui inclut des affrontements armés, du concubinage et de la piraterie). A partir de 1880, les territoires du Muni expérimentèrent les appétits teritoriaux féroces des Européens pour l’Afrique avec le surgissement en nombre des Allemands, des Français et des Espagnols. Ce sont finalement la France et l’Espagne qui réussiront à s’en emparer et qui se le partagèrent.
Mais l’influence espagnole dans cette zone a tardé à s’imposer. Il fallut un long moment de négociations entre les colons, faire face à la résistance des populations locales, se lancer dans des recherches stratégiques de pénétration, de tentatives de conversion… En 1926, l’Espagne parvient enfin à contrôler avec efficacité la région du Muni et se lance dans l’acculturation des populations de cette zone. Mais à cette époque, Corisco et l’estuaire du Muni restent cantonnés à une position marginale dans le nouveau plan géostratégique africain qui a été mis en place. Les populations locales connaissent alors un fort déclin, il leur sera impossible dès lors de redevenir ce qu’elles avaient été.