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Penser le temps et écrire l’histoire de l’Afrique

Séance du 1er avril 2015, 17h à 19h
Site Malher, salle 106, 9 rue Malher, 75004 Paris

 Yves Mintoogue, doctorant en science politique à Paris I/CESSP
Invention de la nation et « régimes d’historicité » dans l’Union des Populations du Cameroun (UPC)

Résumé :
Cette communication porte sur un aspect de l’action politique de l’Union des Populations du Cameroun, le parti nationaliste qui avait porté la revendication d’indépendance dans ce territoire aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, entre 1948 et 1960. Elle s’intéressera à la manière dont le mouvement nationaliste camerounais réinterprétait différents moments historiques pour élaborer sa propre « grammaire symbolique » et y agregeait des idiomes issus de mémoires a priori concurrentes (ressources de la « modernité coloniale » et de l’extraversion, régimes de savoirs ancestraux, etc.).
En m’appuyant sur le discours (références intellectuelles ou mémorielles) et les pratiques politiques des dirigeants et militants de l’UPC, j’interrogerai la manière dont les dimensions temporelles du passé et du futur étaient mises en relation pour servir de fondement au projet national et légitimer la revendication d’indépendance. Les références aux temps passés et le recours à leurs différentes ressources fonctionnaient surtout comme des clés de lecture et des outils critiques applicables au temps présent (le moment colonial) ; mais sans que soit prôné un quelconque retour au passé et sans jamais en exprimer la nostalgie. Il s’agissait plutôt de s’appuyer sur son champ d’expérience (le moment colonial et la mémoire de la période antérieure) et d’user de toutes ses ressources pour structurer l’horizon d’attente d’une société nouvelle qui ne pouvait prendre corps qu’avec l’accession à l’indépendance.
À travers cette discussion, je voudrais montrer la complexité et l’ambivalence du projet politique de l’UPC, notamment par la manière dont ce mouvement entendait redessiner les figures de différence, d’identité et de progrès, tout en traduisant la modernité politique dans les idiomes et les systèmes locaux de représentation pour la réconcilier avec l’historicité propre des sociétés locales du Cameroun.

Discutant : Bernardo Capamba André, doctorant en histoire à Paris IV

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